Nouvelle forme de dépistage du Covid-19: qu'est-ce qu'un test antigénique?
Mardi, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que des tests de dépistage rapides du coronavirus, dits "tests antigéniques", seront déployés à partir de cette semaine. "On devrait démarrer à partir de mercredi à l'AP-HP" (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), a-t-il ajouté sur France Inter.
Ces nouveaux moyens de dépistage permettront surtout de raccourcir les files d'attente devant les laboratoires, car les résultats tombent en "15, 20 minutes", selon le ministre. Ce alors que ceux des tests PCR ne sont disponibles qu'au bout de plusieurs heures, voire plusieurs jours dans les endroits surchargés par les demandes.
Un test plébiscité pour sa rapidité
Le test antigénique est "un test rapide, diagnostic", explique ce mercredi Alain Ducardonnet, consultant Santé pour BFMTV. "Il permet d'avoir un résultat extrêmement rapide, en gros en 30 minutes".
Comme les tests PCR, les tests antigéniques permettent de savoir si une personne est contaminée par le coronavirus au moment du test. Ils sont eux aussi réalisés à partir de prélèvements dans les narines, par un écouvillon inséré. Parmi les particules récupérées au fond du nez, le test va rechercher des protéines du virus en quelques minutes. Une bande colorée apparaît ensuite si le résultat est positif, un système semblable, dans la forme du résultat, aux tests de grossesse.
L'arrivée très rapide des résultats permettrait de résoudre plusieurs problèmatiques relevées ces dernières semaines, qui font obstacle aux dépistages de masse, notamment l'engorgement des laboratoires, qui croulent sous le nombre des demandes de dépistages. Certaines personnes, potentiellement contaminées, doivent ainsi attendre plusieurs jours pour se faire tester, et parfois plus de trois jours pour obtenir les résultats.
Selon le ministre de la Santé, actuellement 80% des tests sont rendus en moins de 36 heures, reste donc "20% de situations problématiques". Pour réduire les délais d'attente, Olivier Véran a appelé à prioriser les tests: les personnes symptomatiques ou cas contacts doivent être dépistées en priorité.
Pas aussi fiable que le PCR
"Attention, ce test lorsqu'il est positif, nécessite de faire une confirmation PCR", souligne Alain Ducardonnet. "Pourquoi? Parce que sa sensibilité est un peu moins bonne".
"Quand on fait une PCR, on amplifie le génome viral. Donc on peut le détecter dès qu'il y en a seulement un peu", explique au Parisien Yves Gaudin, de l'Institut de biologie intégrative de la cellule (I2BC) de Paris-Saclay. Ce phénomène d'amplification n'existe pas avec le test antigène, ce qui le rend moins fiable.
Mais le médecin explique que cela signifie également que le test pourrait diagnostiquer quelqu'un de négatif, alors que la personne est infectée, parce que la charge virale détectée est trop faible. Le test PCR reste donc pour le moment la référence pour les personnes cas-contact ou présentant des symptômes, rappelle L'Obs.
Encore en phase d'évaluation
Le test antigénique est, de toute façon pour le moment, toujours au stade d'évaluation. "L’AP-HP démarre cette semaine une évaluation de la faisabilité des nouveaux tests en conditions réelles", précise l'institution à l'hebdomadaire. L'idée est d'établir l'efficacité de ces tests, avant une diffusion à grande échelle.
"Une fois que nous aurons toutes les données, l’autorisation pourra être délivrée en quelques jours", déclare la Haute Autorité de santé à L'Obs.
Concernant les tests de dépistage sur prélèvement salivaire, "j'attends de façon imminente des résultats d'expérimentations qu'on a menées", a indiqué Olivier Véran. "Dans les tout prochains jours, je devrais avoir des éléments qui permettront de répondre déjà par 'oui' ou 'non'" à la question de la fiabilité de ces tests, a-t-il précisé.
