Tests Covid-19: le syndicat des jeunes biologistes appelle "au civisme" et à restreindre le dépistage

Test de dépistage du coronavirus le 7 septembre 2020 à Rennes - Damien MEYER © 2019 AFP
Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) a publié ce mardi sur Twitter un communiqué incitant à recadrer la politique de dépistage autour des seules "personnes symptomatiques, des cas contacts et des personnes asymptomatiques à risques c’est-à-dire au retour de voyage d’un pays où l’épidémie fait rage".
L'organisation assure que l'annonce, le 14 juillet dernier, de la possibilité d'avoir recours au test PCR, chargé de détecter le coronavirus sans ordonnance et avec remboursement intégral par l'Assurance maladie, a poussé des foules superflues dans les cabinets, au détriment des patients et des personnels.
"Les biologistes médicaux ont toutes les peines à faire face à cette vague de demandes: les cadences ont augmenté à marche forcée, passant de 300.000 tests hebdomadaires début juillet à plus d’un million début septembre soit plus du triple!", dénonce le texte, enchaînant: "Cet afflux massif de patients sature les capacités analytiques des laboratoires. Les files d’attentes s’allongent et les patients – même asymptomatiques – attendent leurs résultats plusieurs jours, ce qui est contre-productif dans la lutte contre l’épidémie."
Personnel en burn out
Cette affluence consomme aussi, vitesse grand V, les ressources nécessaires au dépistage. "De plus, certains fournisseurs de réactifs n’arrivent pas à suivre et de nombreux laboratoires sont en pénurie de réactifs", est-il écrit. Résultat selon le SJBM: tout le monde est sur les flancs. "Le personnel des laboratoires est sur les rotules – certains sont en burn out – et nous n’arrivons plus à recruter", affirme le communiqué, qui ajoute: "Le SJBM tient à alerter sur les dangers d’une politique de santé fondée sur les chiffres et non sur la pertinence médicale des examens PCR."
Le syndicat adresse encore un autre coup de semonce à l'adresse du gouvernement: "Il est indispensable que le raisonnement médical prenne le pas sur l’affichage politique car il est impossible de dépister 70 millions de Français: cela prendrait 70 semaines soit près d’un an et demi." La lettre ouverte dresse alors un "appel au civisme":
"Le SJBM lance un appel au civisme pour que les Français sans indications n’aillent pas à se faire dépister inutilement ; au ministère pour rappeler ces indications au grand public et pour que la priorisation des examens PCR se fasse sur la base d’une ordonnance médicale ; aux ARS pour stopper les campagnes massives de dépistage à l’échelle d’un territoire entier auprès des populations asymptomatiques sans risque particulier."
"Si nous n’arrivons pas à mieux cibler notre stratégie de dépistage, c’est l’ensemble du dispositif tester-tracer-isoler qui s’écroulera et tout le pays qui ira dans le mur en automne", augure tristement le communiqué dans sa conclusion.
