Covid-19: après un an de restrictions, la santé mentale des jeunes Français suscite l'inquiétude

Distanciation sociale, diminution des relations sociales... L'inquiétude quant aux conséquences des restrictions sanitaires sur la psyché bruisse depuis de longs mois. Plus d'un an après le début du premier confinement, alors qu'un nouveau tour de vis vient d'être donné dans 16 départements, la santé mentale de la population générale française est préoccupante. Celle des plus jeunes inquiète particulièrement, que ce soit les enfants, adolescents ou jeunes adultes.
Selon un sondage réalisé par l'institut Ipsos en janvier, pour la Fondation FondaMental, un réseau de chercheurs sur les maladies psychiatriques, 61% des 18-24 ans interrogés, soit près des deux tiers, estimaient que la crise sanitaire aurait des conséquences négatives sur leur santé mentale.
32%, soit près d'un jeune sur trois, se disait personnellement concerné par - a minima - l'un des troubles suggérés: dépression, anorexie, troubles obsessionnels compulsifs, phobies, troubles anxieux, indique l'Agence France-Presse (AFP).
Explosion des consultations
Deux collégiennes, prénommées Marion et Albertine, expliquent à BFMTV les frustrations qui les assaillent, avec le fait de ne "pas voir tout le temps (leurs) copains" mais aussi le manque d'activité avec le fait de ne pas "pouvoir faire du sport" ou "d'être limité dans ses sorties".
Un mal-être qui peut avoir des conséquences très graves chez certains jeunes, et qui se traduit en chiffres: selon le Conseil scientifique, les hospitalisations des jeunes de moins de 15 ans pour des motifs psychiatriques sont en hausse de 80%.
"Le phénomène, c'est un doublement des tentatives de suicide chez les enfants, c'est une augmentation considérable - près du doublement - des consommations de psychotropes et antidépresseurs chez les jeunes, ce qui n'est quand même pas tout à fait souhaitable, et c'est des demandes de consultation et d'hospitalisations qui explosent", cite le psychiatre Serge Hefez, sur BFMTV.
Pour le spécialiste, il faut redoubler d'attention face aux signaux d'alerte:
"Les adolescents n'expriment pas leur malaise, ils le montrent. Un malaise adolescent, c'est des insomnies, c'est de la colère, c'est de l'angoisse, c'est de l'opposition, c'est le fait de se replier dans sa chambre, c'est le fait parfois de se scarifier", s'alarme-t-il.
Et peu importe le milieu social ou le contexte familial, ces troubles peuvent concerner tous les plus jeunes, même des enfants "qui n'avaient pas d'antécédents familiaux, ni même de facteur de vulnérabilité spécifique", abonde le Pr Richard Delorme, pédopsychiatre à l'hôpital parisien Robert-Debré.
Craintes d'une "troisième vague" mentale
Lundi, le Premier ministre Jean Castex a réuni autour de lui plusieurs ministres pour évoquer la question de la santé mentale et esquisser les contours d'un plan destiné à améliorer la prise en charge des troubles psychiques chez les adultes et les enfants. Une réunion qui intervient un mois et demi après le déploiement d'un "chèque psy" pour les étudiants, qui donne accès à trois séances gratuites, après avis d'un généraliste, chez un professionnel.
En amont de la réunion, les trois fédérations de complémentaires santé ont annoncé lundi qu'elles prendraient désormais en charge, sur prescription médicale et "dans la limite de 60 euros par séance", plusieurs consultations de psychologie par an.
En novembre, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran avait déclaré vouloir "éviter une troisième vague" qui serait celle de la "santé mentale".
Un numéro vert a été mis en place, gratuit et joignable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24: 0 800 130 000