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Amiante: la justice étudie la validité de la mise en examen d'Aubry

La maire de Lille Martine Aubry, mercredi 27 février.

La maire de Lille Martine Aubry, mercredi 27 février. - -

L'avocat de Martine Aubry doit contester jeudi devant la cour d'appel de Paris la mise en examen pour "homicides involontaires" de l'ancienne patronne du PS, qui rejette toute faute dans sa gestion du dossier de l'amiante dans les années 1980.

C'est jeudi que Martine Aubry a de nouveau rendez-vous avec ses juges. Devant la cour d'appel de Paris, son avocat devrait contester sa mise en examen dans le dossier de l'amiante pour "homicides involontaires".

A huis-clos, la chambre de l'instruction va examiner les requêtes en nullité déposées par neuf personnes, dont la maire de Lille. Toutes sont poursuivies dans l'enquête sur l'exposition à l'amiante de salariés de l'usine Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, dans les années 1970-1980.

Dans cette enquête, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy s'intéresse en particulier à l'influence du Comité permanent amiante (CPA), le lobby des industriels de l'amiante, qui aurait défendu son "usage contrôlé" pour retarder au maximum son interdiction.

Un drame sanitaire

La magistrate enquête aussi sur la réponse apportée par les pouvoirs publics à ce drame sanitaire à partir des années 1970. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l'État pour sa "gestion défaillante" dans ce dossier.

Les autorités sanitaires imputent en effet à l'amiante, longtemps utilisée dans le bâtiment et l'industrie automobile, 10 à 20% des cancers du poumon. Son caractère cancérigène est connu depuis les années 50, mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977, et son interdiction totale de 1997.

La maire de Lille est poursuivie en tant qu'ancienne directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre 1984 et 1987. La juge estime que Martine Aubry n'aurait pas pris les mesures qui auraient permis d'éviter les conséquences dramatiques de l'exposition des travailleurs à l'amiante.

"Rien ne peut m'être reproché"

Mercredi, Martine Aubry a affirmé que "rien ne peut lui être reproché" dans ce dossier. "Mais c'est très douloureux de penser que les Français aient pu penser qu'il y a vingt ans, j'aurais failli à mon travail", a-t-elle ajouté.

Un des principaux avocats de l'association des victimes (Andeva), Jean-Paul Teissonnière, s'est lui-même dit "dubitatif sur l'opportunité de la mise en examen" de Martine Aubry, et considère que le doute devait lui profiter.

Selon lui, "l'amiante n'est pas un crime d'Etat planifié par l'Etat. C'est avant tout un crime industriel facilité par la complaisance de fonctionnaires."

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