Remaniement: grandes manœuvres ou petites retouches?

Se borner à des ajustements marginaux ou profiter de l'occasion créée par le départ surprise de Nicolas Hulot pour rectifier les défauts du dispositif gouvernemental d'ici mardi soir?
Plusieurs ministres semblent en effet sur la sellette:
"On parle de ‘l’ennemi politique’ de Nicolas Hulot qui était le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, on parle de Jacques Mézart à la Cohésion des territoires, on parle aussi de Françoise Nyssen, ministre de la Culture", explique sur notre antenne Jannick Alimi, rédactrice en chef adjointe au service politique du Parisien.
Des ministres qui tentent de défendre leur place dans les médias. "Les sujets sur lesquels je suis sont des sujets d’importance et je veux continuer ce combat", plaide la directrice des éditions Actes Sud.
Aveu de faiblesse ou rebond politique?
Au sein de la majorité, deux analyses s'affrontent: l'une considère un remaniement en profondeur comme un aveu de faiblesse, l'autre le perçoit au contraire comme une opportunité de rebondir après une rentrée calamiteuse.
"Débarquer un grand nombre de ministres serait contradictoire", fait valoir un pilier de la majorité. "Cela reviendrait à donner une portée politique au départ de Hulot, alors qu’on a tout fait pour le minimiser", prévient dans Le Monde une "huile" de La République en marche.
"Macron doit reprendre la main et a intérêt à corriger l’ensemble des dysfonctionnements de son dispositif, que chacun a pu constater depuis un an. Quitte à remanier, autant changer tout ce qui doit l’être!", défend au contraire un député LaRem dans le journal du soir.
Le casse-tête Hulot
Remplacer l'emblématique ministre de la Transition écologique et solidaire, symbole de l'engagement d'Emmanuel Macron, demeure la tâche la moins aisée de cet exercice imposé. Les candidats, déclarés ou non, sont nombreux: la députée Barbara Pompili, ancienne d'Europe Écologie les Verts, l'ancienne ministre Chantal Jouanno, le directeur général de WWF France Pascal Canfin, ou encore Laurence Tubiana, principale négociatrice de la COP 21.
Un dernier nom circule: celui de l'ancienne occupante du poste, Ségolène Royal. Prudente, l'ambassadrice aux pôles fait toutefois partie des rumeurs récurrentes, et semble seule à pouvoir pallier le déficit politique provoqué par la démission de Nicolas Hulot. Emmanuel Macron pourrait ainsi choisir de compenser cette perte dans un autre ministère, en misant sur une personnalité emblématique pour faire un "coup" médiatique.
Pénurie
Seul hic: à l'heure où la cote de popularité d'Emmanuel Macron ne cesse de chuter, les volontaires sont moins nombreux qu'au lendemain de son élection, et il n'existe pas de réservoir de cadres politiques à La République en marche:
"Détruire l’équilibre du gouvernement pourrait être bénéfique si on disposait d’un banc de touche exceptionnel. Mais ce n’est pas le cas", constate dans Le Monde un cadre de la majorité.
"Ça montre la crise des compétences au sein de la macronie. On devrait avoir une liste de quatre ou cinq noms pour remplacer Hulot, et pas seulement Canfin ou Tubiana, qui ne vont pas faire se dresser les foules", confirme notre éditorialiste Christophe Barbier. "Dans la macronie, on a pas su, en un an, faire émerger des talents incontournables. C'est aussi le problème du président, ne pas avoir suscité de vocation."