Réformes, gilets jaunes, cohésion: Ségolène Royal change de ton et charge le gouvernement
Emmanuel Macron n'est qu'à mi-parcours mais certains semblent déjà l'attendre en bout de piste. Ségolène Royal, ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique, plusieurs fois ministres auparavant et candidate à la présidentielle de 2007, était l'invitée de notre journaliste Apolline de Malherbe ce dimanche dans BFM Politique. Pourtant bienveillante à l'égard d'Emmanuel Macron il y a quelques mois encore, elle s'est montrée très critique de l'action entreprise sous ce quinquennat, d'un point de vue à la fois social, politique et économique.
"La cohésion française est en train de s'écrouler"
Après avoir entendu dans un reportage une habitante de Rouen reprocher au président de la République, et à travers lui aux pouvoirs publics qu'il incarne, de les avoir abandonnés elle et ses concitoyens après l'incendie de l'usine Lubrizol, Ségolène Royal a appuyé:
"Il y a un sentiment d'abandon absolument réel. Il y a un sentiment d’abandon, de marginalisation de toute une partie de la population française."
Elle a fait le lien avec la colère des gilets jaunes: "On a pu dire que les gilets jaunes, c’était marginal mais 75% des Français les soutenaient même s’ils pouvaient être gênés dans leur vie quotidienne". Elle a d'ailleurs évoqué ensuite le mouvement de contestation au sein de la SNCF, qui lutte actuellement contre la politique gouvernementale.
"La cohésion française est en train de s’écrouler, de s’affaiblir", a-t-elle développé. Alors qu'on approche de l'anniversaire de l'émergence des gilets jaunes, dont la mobilisation s'est tarie ces derniers mois, elle a observé: "La détresse est toujours là, aucun problème n’a été réglé et on accumule même de nouvelles réformes."
"L'hôpital français est un trésor qu'il faut protéger"
L'ancienne présidente du Conseil régional du Poitou-Charentes a d'ailleurs accusé l'exécutif de faire un mauvais usage de l'idée de réforme: "Réformer ce n’est pas le problème, il faut réformer dans la bonne direction, celle du progrès social et économique. Qui a donné cette logique désordonnée? Le désordre en France depuis un an doit prendre fin. Il faut calmer les Français, remettre les réformes en perspectives, en remettre à plat certaines, qui sont brutales." Ségolène Royal a également affirmé à ce propos:
"Il n'y a pas de visibilité sur la justice du modèle proposé par ces réformes tous azimuts dont les Français ne comprennent plus la cohérence."
Selon l'analyse de cette dernière, c'est "la disparition du modèle français" qui hante nos compatriotes, et notamment son volet social. "Le système de santé que l’on pensait solide s’écroule", a-t-elle déploré, poursuivant: "Les urgences hospitalières en plus ne sont pas soutenues par le gouvernement." Elle a enfin posé: "L'identité française, c’est aussi la sécurité sociale. L’hôpital français est un trésor qu’il faut protéger."