Réforme des retraites: de plus en plus fragilisé, Jean-Paul Delevoye peut-il encore rectifier le tir?

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites dont la réforme si critiquée est à l'origine du mouvement social lancé le 5 décembre dernier, semble de plus en plus fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts. Ce samedi, Le Monde avait dévoilé la nouvelle déclaration d'intérêts de ce dernier, qui compte au total 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale.
Dans les colonnes du quotidien du soir, le principal intéressé évoque une "erreur".
"J’ai fait passer des messages et si mon erreur devait desservir ce projet de réforme des retraites auquel je crois et auquel je tiens, alors j’en tirerais les conséquences", assure-t-il.
Un poste en particulier pose problème dans cette liste, celui de président d'honneur du groupe de réflexion Parallaxe, pour lequel il aurait touché 73.338 euros net en 2018 et 62.216 en 2019.
"C'est déjà trop tard"
Si du côté de la majorité ses défenseurs se font plutôt rare, Édouard Philippe a toutefois assuré la "bonne foi totale" de Delevoye, l'opposition s'en prend violemment au haut-commissaire.
Pour notre éditorialiste Christophe Barbier, "c'est déjà trop tard" pour cette nouvelle déclaration, qui aurait du être faite pendant la période où il devait vérifier s’il n’y avait pas de conflit d’intérêt. On n’a pas droit à l’erreur dans ce type de situation."
De fait, la place de Jean-Paul Delevoye est de plus en plus fragilisée au sein du gouvernement. Toujours selon Christophe Barbier, trois questions se posent alors.
"Est-ce qu’il y a un problème de probité, Edouard Philippe croit en la bonne foi de Delevoye et il est évident que Delevoye n’est pas vendu aux lobbies des assurances et des fonds de pension, les quelques chroniqueurs d’extrême-gauche qui l’accusent de cela font fausse route."
"Trop lourd à porter pour le gouvernement"
Pourtant, pour notre éditorialiste, la place du haut-commissaire est de plus en plus incertaine.
"Est-ce qu’il y a un problème d’efficacité ? Oui, doublement ; sur les conflits d’intérêt on e parlé depuis des années, il ne pouvait pas dire qu’il ne savait pas, il y a une faute technique majeure, il aurait dû sous-traiter cela a quelqu’un qui aurait listé tout ce qu’il a fait", souligne-t-il encore.
En guise de conclusion, Christophe Barbier se pose la question du futur de Jean-Paul Delevoye à ses responsabilités, "peut-il encore être utile à cette réforme?"
"Jusqu’à mercredi, oui, il doit mener çà son terme la discussion, après on va passer à autre chose en janvier, et à ce moment-là Delevoye sera trop lourd à porter pour le gouvernement et devra laisser sa place."