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Politique

La semaine chaotique de Jean-Paul Delevoye

Edouard Philippe et Jean-Paul Delevoye.

Edouard Philippe et Jean-Paul Delevoye. - DOMINIQUE FAGET / AFP

Ce samedi soir, Le Monde a signalé que la nouvelle déclaration d'intérêt de Jean-Paul Delevoye comportait treize mandats contre trois précédemment. Cette information succède à une semaine de révélations plongeant le Haut-commissaire aux Retraites dans une situation délicate en plein mouvement de contestation sociale.

Si ce n'est pas la "septimana horribilis" pour le Haut-commissaire aux Retraites du gouvernement, ça y ressemble. Ce samedi soir, Le Monde a dévoilé sur son site internet le contenu de la nouvelle déclaration d'intérêt envoyée la veille, dans la soirée, par Jean-Paul Delevoye à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Il y liste treize mandats, dont onze bénévoles, au lieu des trois fonctions précédemment évoquées dans sa déclaration initiale. 

Avant cette dernière information, la semaine avait été ponctuée par les révélations en cascade de la presse au sujet des occupations que Jean-Paul Delevoye avait négligées de déclarer à l'instance chargée notamment de vérifier que rien dans le passé ou le présent professionnel de l'intéressé ne pourrait prêter le flanc à une accusation de conflit d'intérêt. 

Oubli et promesse

Ainsi, lundi, Le Parisien signalait que Jean-Paul Delevoye était administrateur de l'IFPASS (pour Institut de Formation de la Profession de l'Assurance). Ce même secteur de l'assurance se trouve au centre des débats concernant la réforme du système de retraites piloté par celui qui fut entre autres ministre de Jean-Pierre Raffarin. Jean-Paul Delevoye a alors démissionné de cette fonction, parlant d'un oubli. 

Le lendemain, il se démettait de la présidence du think thank Parallaxe, adossé au groupe d'enseignement supérieur privé IGS. Déclarée auprès de la HATVP cette fois, cette charge lui valait une rémunération de 5300 euros net. Certes, Jean-Paul Delevoye n'avait pas dissimulé l'exercice de ce poste, mais le cumul de celui-ci avec une place au gouvernement, au sein duquel il est entré officiellement en septembre dernier, était illégal au titre de l'article 23 de la constitution de la Ve République. Il a assuré qu'il ignorait cette incompatibilité juridique, et mercredi, son entourage assurait qu'il avait remboursé aussitôt les sommes perçues après son intégration au sein du gouvernement et ses proches ont déclaré à Checknews qu'il entendait rembourser l'ensemble des montants touchés depuis sa nomination au poste de Haut-commissaire à la réforme des retraites en septembre 2017. 

Vendredi, Capital notait que Jean-Paul Delevoye siégeait, depuis 2016, au conseil d'administration de la Fondation SNCF, organisme gérant les opérations de mécénat du groupe ferroviaire. Ce nouveau dévoilement tombait d'autant plus mal que la contestation du projet de réforme porté par Jean-Paul Delevoye est forte du côté de la SNCF. 

L'hypothèse d'une démission 

Enfin samedi, Le Monde, avant même de dévoiler la liste complète des activités mentionnées sur la nouvelle déclaration d'intérêt du membre du gouvernement, évoquait deux autres fonctions bénévoles absentes de la première énumération. Le quotidien du soir indiquait ainsi que Jean-Paul Delevoye était le président de l'Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France et membre du conseil d'orientation de l'institut de recherche et de débat sur la gouvernance.

Jean-Paul Delevoye a semblé faire acte de contrition auprès du Monde dans la soirée, "assumant (son) erreur", et ajoutant: "J’ai fait passer des messages et si mon erreur devait desservir la cause pour laquelle je me bats, ce projet de réforme des retraites auquel je crois et auquel je tiens, alors j’en tirerais les conséquences". Jeudi, en effet, il avait déjà glissé à Libération: "Oui, j’y ai pensé (à démissionner de ses fonctions gouvernementales, NDLR). Je ne veux pas être une source de fragilisation de la réforme". 

Edouard Philippe, dans un entretien à paraître ce dimanche dans Le Parisien, a affirmé que "la bonne foi" de son ministre était "totale". C'était en revanche avant la parution des dernières révélations du quotidien fondé par Hubert Beuve-Méry. 

Les jours à venir pourraient bien être aussi peu amènes à l'égard de Jean-Paul Delevoye que ceux qui viennent de s'écouler. Mercredi, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, sollicitée dès le début de semaine par l'association Anticor, doit annoncer si elle saisit la justice. Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, a par ailleurs déjà écrit à la HATVP pour se faire une idée plus précise du dossier. 

Robin Verner