Primaire à gauche: vers un ralliement à Macron de certains perdants?

Il y a une "discussion" à avoir. Plusieurs candidats de la primaire à gauche le reconnaissent. Afin d'empêcher un duel entre François Fillon et Marine Le Pen, ils vont devoir accepter de s'entendre avec d'autres pour rassembler la gauche mais surtout les gauches. A l'issue du second tour, ces "discussions" devront avoir lieu avec Yannick Jadot, investi candidat lors de la primaire d'EELV, mais surtout avec Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, qui ont choisi de ne pas passer par la primaire pour se porter candidat à la présidence.
"Le lendemain de ma désignation, je vais voir Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot" a assuré Arnaud Montebourg, s'imaginant en vainqueur du scrutin, début janvier sur BFMTV. "Si nous voulons réussir, aucun d’entre eux ne réussira seul, ni nous, ni eux", a-t-il aussi prévenu, à l'adresse des chefs de file d'En Marche! et de la France insoumise.
"La primaire ne suffit pas" pour Hollande
Avant même le premier tour, beaucoup pensent déjà à l'après 29 janvier. A l'image de François Hollande qui, comme le rapporte Libération, estime que "la primaire ne suffit pas". "C'est ça le sujet" crucial, selon lui. "Hollande ne voit pas la gauche réformiste prendre le risque de faire élire Fillon", ajoute aussi un proche du chef de l'Etat.
Les socialistes jouent beaucoup avec la primaire, et alors que certains, comme Jean-Luc Mélenchon, jugent une candidature socialiste "inutile", d'autres mettent en avant le fait que la mobilisation et la part des voix remportées par le vainqueur pourra permettre à leur camp de montrer sa légitimité.
Macron appelle les socialistes à se rallier à lui
Emmanuel Macron, grisé par le nombre importants de ralliement déjà engrangés, a appelé les socialistes à se rallier à lui dans une interview à La Voix du Nord. Les socialistes sont en effet de plus en plus nombreux à envisager une telle option. Mais le candidat les presse aussi à se décider vite, sans attendre le résultat de la primaire, ses proches prévenant qu'ils ne voudront pas de "macronistes du 30 janvier".
A l'issue du second tour, plusieurs scénarios possibles sont envisagés. Certains prédisent un nouveau mouvement en faveur d'Emmanuel Macron de la part des soutiens de Manuel Valls en cas de victoire de Benoît Hamon ou d'Arnaud Montebourg. D'autres soulignent aussi que dans une telle hypothèse, ou si l'ancien Premier ministre l'emporte avec un faible score, un appel demandant au PS de se ranger derrière Emmanuel Macron pourrait émerger.
"Pas un concours hippique" pour Valls
Une perspective qui agace plusieurs candidats à la primaire, à commencer par Manuel Valls. "La présidentielle ça n'est pas un concours hippique, ça n'est pas un jeu de petits chevaux" a-t-il lancé lors du premier débat de la primaire, interrogé sur le sujet. Lui qui a plusieurs fois insisté sur son ambition de figurer au second tour de la présidentielle s'est dit convaincu ce lundi, sur Europe 1, que la primaire donnerait "une force et une légitimité" à son vainqueur.
"Attention, tous les commentateurs se sont trompés", a-t-il aussi prévenu. "Les peuples n’en peuvent plus qu’on leur impose des choix. Je veux convaincre car rien n’est joué pour la primaire, rien n’est joué pour la présidentielle", a-t-il fait valoir.
L'ancien Premier ministre a cependant précisé qu'il parlerait "bien évidemment" avec Emmanuel Macron en cas de victoire à la primaire. "Mais pour créer les conditions du rassemblement parce que je veux que la gauche soit au deuxième tour pour gagner", a-t-il ajouté, mettant toutefois l'accent sur ses "désaccords" avec lui.
Pour Montebourg, la primaire est légitime
A propos d'un éventuel ralliement à Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg est sur la même ligne que Manuel Valls. Après avoir promis de discuter avec les autres candidats de la gauche, il a insisté, par la voix de son directeur de campagne, sur la légitimé de la primaire et de "ceux qui auront le suffrage de 3 millions de personnes".
"Ça n'existe même pas que le candidat issu de la primaire se retire", a conclu François Kalfon, interrogé sur Sud Radio et Public Sénat ce lundi.
Peillon ouvert aux discussions
"Emmanuel Macron est un candidat respectable. Il faudra bien lui parler à un moment", a aussi confié à Franceinfo Sébastien Denaja, soutien de Vincent Peillon. L'ancien ministre de l'Education aborde pour sa part la question de façon plus directe que ses compétiteurs.
"Si je suis candidat dans cette primaire, c'est à la fois pour rassembler les socialistes, qui ne pourront pas se rassembler si ce n'est pas moi qui fait ce rassemblement, et après continuer ce rassemblement de (Jean-Luc) Mélenchon à (Emmanuel) Macron, en passant par Yannick Jadot", a-t-il affirmé sur France Inter ce lundi.
Lundi soir, interrogé par Yves Thérard pour Le Figaro, Eduardo Rihan Cypel, député de Seine-et-Marne et soutien de Vincent Peillon, s'est dit ouvert aux discussions. "Il faudra qu’on se parle après le résultat de cette primaire", a-t-il concédé.
"Moi, je ne suis jamais inquiet quand il y a des gens qui sont en dynamique politique. (...) Je préfère que (les gens) soient chez Macron que chez Madame Le Pen! Donc s’il y a quelqu’un qui réussit, je ne vais pas m’en plaindre", a-t-il ajouté, interrogé sur la "dynamique" autour d'Emmanuel Macron.
"Hors de question à ce stade" pour Hamon
Benoît Hamon, lui, semble ne pas vouloir envisager un tel scénario. Un ralliement est "hors de question à ce stade", précise son entourage à BFMTV.com. "Il y a une discussion à avoir avec Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot", reconnaît-on simplement, en précisant que la priorité est donnée à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, et non au leader d'En Marche!.
"On est en situation de faiblesse par rapport à ceux qui sont en campagne depuis plusieurs mois. Quand le candidat sera désigné, ce sera plus clair", promet-on.
Bennahmias prêt à voter Macron
Interrogé ce mardi matin sur RMC et BFMTV, Jean-Luc Bennahmias a défendu le leader d'En Marche!, qu'il décrit comme un homme de centre gauche. Il s'est même dit prêt à voter pour lui, rappelant qu'il s'était rallié à François Bayrou en 2007, devenant vice-président du Modem. Sur la question d'une union entre le vainqueur de la primaire, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, le fondateur du Front démocrate a estimé qu'un tel scénario n'était pas impossible "du tout".