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Politique

Pourquoi l'opposition soutient les "gilets jaunes" mais pas le blocage des routes

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Les "gilets jaunes" s'organisent pour bloquer les routes à partir de samedi. Alors qu'une majorité de l'opposition politique se dit aussi indignée par la hausse des prix des carburants, elle garde cependant ses distances avec la forme de la contestation.

Les "gilets jaunes" bloqueront les routes ce samedi 17 novembre pour protester contre la hausse des prix des carburants. La mobilisation, qui a émergé sur Internet, se veut apolitique mais suscite cependant des réactions de tous bords. Sur notre antenne ce jeudi matin, Nicolas Dupont-Aignan a réclamé "une mobilisation partout en France. Une présence aux carrefours, gilet jaune à la main, une présence en klaxonnant." Mais à la question concrète: "Est-ce que vous appelez au blocage des routes et autoroutes?", le chef de file de Debout la France esquive: "J’appelle solennellement au blocage du gouvernement". Une pirouette qui lui évite de se prononcer sur l’opportunité des barrages routiers.

Mouvement imprévisible

Même acrobatie du côté des Républicains. Laurent Wauquiez assure qu’il manifestera le 17 novembre contre la hausse des prix des carburants toutefois, "il faut se faire entendre, il ne faut pas bloquer", insiste-t-il. Alors pourquoi soutiennent-ils la mobilisation mais pas le blocage?

"C’est un mouvement imprévisible dans son déroulé et cela inquiète les politiques qui ne veulent pas y être associés, analyse le politologue Jérôme Sainte-Marie. Le propre d’un blocage est de ne pas avoir d’encadrement sécuritaire et géographique. Ainsi, la mobilisation de samedi sera dispersée dans tout le pays, sans possibilité de savoir qui y participera. Des casseurs peuvent par exemple se joindre au blocage et provoquer des bagarres ou des actions violentes à l'encontre des automobilistes."

La page Facebook "Blocage 17 novembre 2018 - En direct" recense plus de 700 formes de mobilisations sur tout le territoire, sans qu'il ne soit encore possible d'évaluer le nombre de participants. Les politiques se trouvent donc dans une situation inextricable, selon le politologue. "Ils soutiennent les citoyens qui souffrent de la hausse des taxes sur le carburant mais ne peuvent pas clairement lancer un appel à la modération et à la prudence lors du blocage, au risque d’apparaître comme les responsables des débordements", développe-t-il.

Entrave à la circulation

Certains, toutefois, tentent de prévenir: "Violer la loi et empêcher la liberté d'aller et venir, ce n'est pas une réponse", avertit le député LR Julien Aubert. L'entrave à la circulation est en effet interdite par le l’article L412-1 du code de la route et punie de deux ans d'emprisonnement.

"Partout où il y aura un blocage, et donc un risque pour les interventions de sécurité et aussi la libre circulation, nous interviendrons", prévient le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. 

Aucune manifestation ne sera cependant interdite "si elle ne menace pas l'ordre public et si elle n'entrave pas la libre circulation".

Ambre Lepoivre