Pass sanitaire, vaccination... Ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron
Ce devait être une allocution consacrée à d'autres sujets que l'épidémie de Covid-19, mais le virus dicte sa partition et vampirise à nouveau l'actualité, plusieurs semaines après le début d'un déconfinement progressif et une amélioration - jusqu'à il y a peu - constante des indicateurs épidémiques.
Après un Conseil de défense de 1h30 ce lundi matin à l'Elysée, Emmanuel Macron s'est exprimé lors d'une allocution d'une trentaine de minutes, enregistrée au Grand Palais Ephémère à Paris et diffusée à 20 heures.
"Après avoir longuement consulté", a précisé Emmanuel Macron, des décisions ont été prises pour enrayer la dynamique épidémique.
Voici les principales annonces de ce discours, qui constitue la 8e intervention du chef de l'Etat depuis celle du 12 mars 2020 et l'annonce de la fermeture des écoles, prélude au premier confinement. Il s'agit de la première intervention qui n'a pas pour cadre le palais présidentiel.
• Extension du pass sanitaire
Jusque-là nécessaire pour les événements réunissant plus de 1000 personnes, le pass sanitaire va voir son utilisation considérablement élargie. Cet élargissement va avoir lieu en deux temps: le 21 juillet prochain, il sera demandé pour tous les événements de plus de 50 personnes, puis début août, il sera demandé pour accéder aux restaurants, bars, trains et avions ou encore pour les longs trajets en car, comme le révélait BFMTV peu avant l'allocution. Il sera aussi demandé pour l'accès aux établissements médicaux.
Ce pass sanitaire sera aussi étendu au 21 juillet aux "lieux de loisirs et de culture", selon les mêmes critères: rassemblant plus de 50 personnes.
Le pass sanitaire, papier ou numérique via l'application TousAntiCovid, consiste en un certificat de vaccination, un résultat test négatif récent, ou encore une attestation faisant état d'une contamination d'au moins quinze jours et de moins de six mois au Covid-19.
La semaine passée, l'immunologue Alain Fischer, "M. Vaccin" du gouvernement, avait ouvert la voie dans un entretien au Monde, déclarant que "l'idée que l’on puisse utiliser son pass sanitaire non seulement pour aller au stade (...) mais aussi pour se rendre au cinéma, au théâtre, au restaurant ne (le) choquerait pas".
A noter que cette mesure, qui était attendue, s'était vue appuyée par le fait que les parlementaires de la majorité reçus ce lundi soir à l'Elysée concomitamment à la diffusion de l'allocution ont dû montrer patte blanche avec un pass sanitaire, avait appris BFMTV au cours de l'après-midi de source parlementaire.
• Obligation vaccinale pour les personnels au contact de publics fragiles
Le sujet couvait, c'est désormais officiel: la vaccination contre le Covid-19 va être obligatoire pour les membres du corps médical, a annoncé Emmanuel Macron ce lundi, confirmant nos informations.
"Nous devons aller vers la vaccination de tous les Français", a fait valoir le chef de l'Etat. "Dans un premier temps, pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, cliniques, maisons de retraite (...), la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre" a-t-il détaillé. Cela concernera aussi les professionnels et bénévoles auprès de personnes âgées, y compris à domicile.
Des contrôles auront lieu à compter du 15 septembre, et le cas échéant des sanctions seront actées, comme le révélait BFMTV peu avant l'allocution.
Une mesure qui rencontre un large consensus sociétal, montrait un sondage Elabe réalisé pour BFMTV la semaine passée.
Le projet de loi consacré à cette mesure, qui concernera aussi l'extension du pass sanitaire, sera transmis ce mardi au Conseil d'Etat, comme le révélait BFMTV en fin d'après-midi. Le texte sera présenté en Conseil des ministres le 19 juillet ainsi qu'en commission le 20, avant d'arriver à l'Assemblée nationale en procédure accélérée.
Cette obligation vaccinale sera-t-elle à terme étendue à tous les Français? Emmauel Macron a eu une formule permettant le doute ce lundi:
"En fonction de l'évolution de la situation, nous devrons sans doute nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français", a-t-il déclaré, précisant avoir à cette heure fait "le choix de la confiance".
• Campagne de rappel vaccinal début septembre
Une campagne de rappel de vaccination commencera à compter de début septembre pour les vaccinés de janvier et février, a annoncé Emmanuel Macron ce lundi.
"Dès la rentrée, une campagne de rappel (de vaccination) sera mise en place pour vous permettre de bénéficier d’une nouvelle injection", a déclaré le président de la République, en s'adressant aux personnes vaccinées "en janvier et février", qui étaient souvent les plus vulnérables. "Les rendez-vous pourront être pris dès les premiers jours de septembre", a-t-il ajouté.
La campagne de vaccination avait commencé le 27 décembre 2020. Depuis la mi-juin, elle est ouverte à toutes les personnes âgées de 12 ans et plus. Dimanche, 27.385.182 de personnes présentaient un schéma vaccinal complet, ce qui représente 40,6% de la population totale.
• Une campagne de vaccination pour les collégiens, lycéens et étudiants à la rentrée
Emmanuel Macron a annoncé lundi que "des campagnes de vaccination" contre le Covid-19 seront organisées "dès la rentrée" pour collégiens, lycéens et étudiants.
"Pour les collégiens, les lycéens, les étudiants, des campagnes de vaccination spécifiques seront déployées dans les établissements scolaires dès la rentrée", a déclaré le président lors de son allocution télévisée.
• Déremboursement de certains tests dits "de confort"
C'était là aussi une mesure pressentie. Après le déremboursement des tests PCR et antigéniques pour les étrangers, les tests PCR ne seront plus remboursés à l'automne, révélait BFMTV peu avant la diffusion de l'allocution.
Sauf prescription médicale, ces tests ne seront plus remboursés à compter d'octobre, a annoncé Emmanuel Macron ce lundi soir.
Il s'agit là de frapper au porte-monnaie dans le but d'inciter à une vaccination plus large, sans pour autant la rendre formellement obligatoire pour toute la population.
L'objectif, est de "faire en sorte qu'être vacciné soit la seule solution pour avoir une vie normale", indiquait un ministre à BFMTV.
• Contrôles renforcés aux frontières
"Dès cette semaine, les contrôles aux frontières seront encore renforcés pour les ressortissants des pays à risques, avec des isolements contraints pour les non-vaccinés", a annoncé Emmanuel Macron ce lundi.
La semaine passée déjà, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune recommandait "d'éviter l'Espagne ou le Portugal" pour les vacances au vu de la recrudescence épidémique dans la péninsule ibérique.
• Etat d'urgence sanitaire en Martinique et à La Réunion
En raison de la résurgence épidémique, l'état d'urgence sanitaire sera déclaré "dès demain" en Martinique et à La Réunion, a annoncé Emmanuel Macron ce lundi.
"L'état d'urgence sanitaire sera déclaré dès demain en Conseil des ministres pour la Martinique et La Réunion, et un couvre-feu sera instauré", a-t-il déclaré.
Cette décision répond au "niveau de vaccination insuffisant" et à la "forte pression" hospitalière dans ces deux territoires, a justifié Emmanuel Macron.
• Un "revenu d'engagement" pour les jeunes sans emploi ou formation
Emmanuel Macron a également annoncé des mesures sur un plan économique, et non strictement liées au Covid-19. Un geste vers la jeunesse, qui a payé un lourd tribut lors des longs mois de restriction dues au Covid-19, était attendue.
Emmanuel Macron a annoncé le déploiement d'un "revenu d'engagement" pour les jeunes sans emploi ou sans formation, particulièrement touchés par la crise sanitaire, suivant une "logique de devoirs et de droits".
"Pour amplifier cette dynamique (de l'apprentissage), je présenterai à la rentrée le revenu d'engagement pour les jeunes, qui concernera les jeunes sans emploi ou formation, et sera fondé sur une logique de devoirs et de droits", a déclaré le président de la République.
• La réforme des retraites engagée lorsque "les conditions sanitaires seront réunies"
La réforme des retraites sera "engagée dès que les conditions sanitaires seront réunies", a indiqué Emmanuel Macron lundi lors de son allocution. Le chef de l'Etat a demandé au gouvernement de "travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée".
"Pour protéger les retraites actuelles et celle de nos enfants, sans augmenter les impôts, il est juste et efficace de changer notre système de retraite", a dit le chef de l'Etat, précisant toutefois qu'il ne "lancer(ait) pas cette réforme tant que l'épidémie ne sera pas sous contrôle et la reprise bien assurée".
• La réforme de l'assurance-chômage mise en oeuvre au 1er octobre
La réforme de l'assurance-chômage sera "pleinement mise en œuvre" le 1er octobre, a confirmé Emmanuel Macron ce lundi.
Cette réforme contestée avait vu plusieurs de ses dispositions suspendues par le Conseil d'Etat.
Cette entrée en vigueur correspond à une "volonté simple", a résumé Emmanuel Macron: "On doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu'en restant chez soi, ce qui n'est actuellement pas toujours le cas".