"Submersion" migratoire: pour un député socialiste, Bayrou cherche "la complaisance du RN"

"Tenir deux fers au feu". L'expression désigne le fait de se garder deux possibilités d'action, selon le Larousse. D'après le député socialiste Laurent Baumel, interrogé sur BFMTV ce mercredi 29 janvier, elle sied à François Bayrou. À ses yeux, le Premier ministre, dont le gouvernement négocie avec le PS depuis plusieurs semaines pour obtenir un accord de non-censure sur le budget, se tournerait également vers le RN pour éviter d'être renversé.
D'où, toujours en suivant le raisonnement de Laurent Baumel, la sortie du Béarnais qui a évoqué lundi soir un "sentiment de submersion" migratoire, reprenant ainsi le vocabulaire de l'extrême droite et déclenchant une levée de boucliers à gauche, mais aussi dans une partie de son camp.
"Comme il ne nous donne pas des concessions suffisantes à ce stade et qu’il n’est pas certain que ce compromis va aboutir, eh bien il regarde un peu du côté du RN pour acheter d’une certaine manière la complaisance du RN sur son budget", affirme ce proche d'Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
"Confusion" et "ambiguïté"
Ce mardi, François Bayrou a assumé ses propos depuis l'Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement. Si ce dernier s'est attaché à restreindre sa déclaration à la situation de Mayotte, il a ensuite affirmé: "ce n'est pas le seul endroit en France."
"Il y a une confusion et une ambiguïté, dont on peut penser vu le niveau d’expérience de François Bayrou, qu’elle est tout à fait volontaire et contrôlée", estime Laurent Baumel.
En raison des propos du Premier ministre, les socialistes ont annulé une réunion avec le gouvernement sur le budget, prévue ce mardi. Soit deux jours avant la commission mixte paritaire, réunissant sept députés et sept sénateurs pour trouver une copie commune sur le budget de l'État. Le préalable, en cas d'accord, d'un vote définitif au Parlement.
Face à cette sortie, le PS pourrait-il finalement voter la censure, après s'être distingué du reste de la gauche jeudi 16 janvier en refusant de joindre ses voix à cette disposition? À ce stade, Laurent Baumel serait prêt à voter une motion, mais il se rangera derrière la décision du groupe, comme l'avaient fait certains socialistes la dernière fois, même si 8 des 66 députés s'étaient affranchis de la consigne en soutenant la censure.
Pour l'élu d'Indre-et-Loire, François Bayrou, qui "semble regarder vers le RN", doit nonseulement "clarifi(er)" sa position à l'égard de l'extrême droite, mais également lâcher encore du lest. "On a obtenu que des choses graves soit annulées, mais on n'a pas encore obtenu suffisamment d’avancées sur des choses qui nous tiennent à cœur comme l’écologie ou le pouvoir d’achat", dit-il.
Afin de s'assurer du soutien de certains partis, François Bayrou avait confirmé lundi plusieurs concessions, rappelant notamment l'abandon, réclamé par le PS, de la suppression de 4.000 postes d'enseignants.