"Silence pour la France", "Tu vas la fermer"... Cinq fois où la nouvelle Assemblée a fait du bruit

Des membres de la coalition NUPES quitte l'Assemblée nationale le 19 octobre 2022 - Emmanuel DUNAND © 2019 AFP
Un hémicycle très agité. Avec l'entrée en force du Rassemblement national, la multiplication par quatre du nombre de députés insoumis et une majorité présidentielle affaiblie, l'Assemblée nationale est sous très haute tension depuis le 19 juin dernier. BFMTV.com vous propose de revenir sur les moments forts de ce nouvel hémicycle, six mois après le second tour des législatives.
• Jean-Philippe Tanguy demande le "silence pour la France"
C'est Jean-Philippe Tanguy qui est le tout premier à marquer les esprits, quelques semaines après le début de la mandature, en juillet. Le jeune homme résume à lui seul la stratégie de Marine Le Pen et de ses 89 députés qui veulent se notabiliser.
Cet ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan, directeur adjoint de la campagne présidentielle du RN, se serait bien vu président de la Commission des finances.
Si Éric Coquerel l'emporte, celui qui assume ne "vivre que pour la politique" prend rapidement ses marques à l'Assemblée et ferraille tous azimuts. Quitte à parfois en faire trop, comme sur le projet de loi pouvoir d'achat. Hué par les députés de la Nupes, Jean-Philippe Tanguy qui explique alors le soutien de son texte au groupe s'écrit soudain: "Silence."
Repris par la présidente de séance, il s'époumone alors, les poings serrés:
"Oh ce cri du cœur! Ce cri du cœur qui a, je pense, inspiré beaucoup de gens parmi nous", avant de crier "silence pour la France", sous les rires de ses adversaires mais aussi de certains dans son camp.
• Aurore Bergé appelle les femmes à "aller porter plainte"
Quelques semaines après la sortie de Jean-Philippe Tanguy, la tension monte d'un cran à l'Assemblée nationale. Pour les premières questions d'actualité au gouvernement depuis les congés d'été, la patronne des députés Renaissance met les pieds dans le plat. Évoquant, sans le nommer, Adrien Quatennens qui a reconnu quelques jours plus tôt avoir giflé sa femme, Aurore Bergé créé un tollé.
"Dès que vous recevez une gifle, allez porter plainte (...) On entend ceux qui parlent de leur 'affection' pour un homme qui frappe sa femme, on fait fi des règles de l'état de droit", lance la députée des Yvelines, sous les applaudissements de son camp, tout en visant Jean-Luc Mélenchon.
Ces propos entraînent alors une réaction virulente des députés de La France insoumise. Danièle Obono hausse ainsi le ton et s'adresse vivement à Élisabeth Borne sur la politique mise en place par le gouvernement pour endiguer le fléau des violences faites aux femmes. L'invective lui vaut alors un rapport à l'ordre. De son côté, Sandrine Rousseau se lève et fait le signe d'un utérus inversé, un symbole féministe.
• Grégoire de Fournas scandalise avec son "qu'il retourne en Afrique"
C'est un moment dont se serait bien passé le Rassemblement national, en quête de respectabilité à l'Assemblée nationale. Au moment où le député LFI Carlos Martens Bilongo interpelle le gouvernement sur le sort de l'Ocean Viking, un bateau aux larges des côtes italiennes avec 230 migrants à son bord, l'élu de Gironde Grégoire de Fournas lance un sonore "qu'il retourne en Afrique".
Face au tollé suscité par cette sortie, le député RN assure que ses propos ont été déformés, se disant "navré de l'incompréhension" suscitée par sa déclaration, qui s'adressait selon lui au bateau, et non pas au député insoumis.
L'argumentation ne convainc pas le bureau de l'Assemblée nationale qui statue sur son cas. Il valide la sanction la plus lourde, à savoir l'amputation de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois - soit 3746 euros par mois sur un total de 7493 euros - et l'empêche de revenir au Palais-Bourbon pendant 15 jours de séance.
Depuis 1958, cette sanction n'avait été appliquée qu'une seule fois, en 2011, à l'encontre de Maxime Gremetz, un député communiste qui avait invectivé pendant 15 minutes des députés et des ministres.
• La constitutionnalisation de l'IVG permet une rare standing ovation
Fin novembre, pour la première fois depuis les dernières législatives, la majorité présidentielle vote main dans la main avec LFI pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution, portée par Mathilde Panot, la présidente du groupe. De quoi susciter un standing ovation.
Certains y voient même un tournant. Jusqu'ici "l'arc républicain" défini par Élisabeth Borne excluait La France insoumise. En octobre dernier, Emmanuel Macron avait même jugé que les insoumis étaient "du côté du désordre et du cynisme".
• Olivier Serva appelle un collègue à "la fermer"
Quelques jours plus tard, en pleine journée réservée aux textes proposés LFI, les débats prennent une tournure très houleuse. Au cours d'une discussion sur le bien-fondé de la réintégration des soignants non-vaccinés, Oliver Serva perd son calme après avoir été interrompu à plusieurs reprises.
"Tu vas la fermer", lance alors le député de Guadeloupe (LIOT), à Sylvain Maillard, le patron par intérim du groupe Renaissance, sous les huées de la majorité présidentielle.
Olivier Serva avait quitté le groupe macroniste lors de la précédente mandature, après avoir réclamé en vain le retour des soignants hospitaliers non-vaccinés. Il en avait fait un argument de campagne lors des législatives.
Invité de BFMTV, l'élu de Guadeloupe s'est défendu en parlant d'"un réflexe de langage", expliquant exprimer "une souffrance". Il a encore dénoncé un "déni de démocratie" de la part de la majorité. Olivier Serva n'a pas été sanctionné par l'Assemblée nationale.