Motion de censure contre François Bayrou: le texte est rejeté par l'Assemblée nationale

Le Premier ministre François Bayrou le 16 janvier 2025 à l'Assemblée nationale (Paris). - Thibaud Moritz
Un résultat sans surprise mais qui donne de l'air à François Bayrou pour les prochains mois. La motion de censure déposée par les insoumis, des communistes et des écologistes mardi dernier dans la foulée de son discours de politique générale a été largement rejetée ce jeudi soir.
Ce texte n'a récolté que 131 voix, très loin des 289 voix nécessaires pour faire tomber le Premier ministre.
Un courrier pour convaincre
Soucieux de durer au moins quelques mois à Matignon, le centriste y a mis le prix. Après son discours jugé très flou et décevant pour les socialistes qui ont négocié pendant des jours avec Bercy, François Bayrou leur a donné des gages.
Dans un courrier adressé aux députés de Boris Vallaud, le Premier ministre a répondu positivement à plusieurs de leurs demandes comme l'abandon de l'allongement du délai de carence d'un jour à trois jours en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires.
Il confirme également l'abandon de la suppression des 4.000 postes dans l'Éducation nationale. Dans cette lettre, il rappelle également, comme il l'avait déjà annoncé devant les sénateurs mercredi, que le Parlement "aura le dernier mot" en cas d'accord partiel des syndicats réunis dans un conclave de 3 mois sur la réforme des retraites.
Une censure des socialistes reste "possible à tout moment"
Autant de gages pour le parti d'Olivier Faure qui a décidé à l'issue d'un bureau interne de ne pas censurer François Bayrou. Pas question cependant de lui faire un choix en blanc.
Un vote de censure des députés PS est "possible à tout moment", a menacé le premier secrétaire du PS à la tribune ce jeudi.
Accord total, partiel ou pas d'accord du tout sur la réforme des retraites entre les partenaires sociaux, Olivier Faure réclame un vote du Parlement sur le texte.
"Si nous avons le sentiment que le débat est verrouillé, nous déposerons une motion de censure. Nous n'accepterons pas de statut quo", a lancé le patron des socialistes à la tribune.
"Un bel exercice d'enfumage" pour les insoumis
Plus largement, si les engagements écrits de François Bayrou ne sont pas respectés, le député de Seine-et-Marne a prévenu. Le dépôt d'une motion de censure et son vote reste "possible à tout moment", a menacé le socialiste.
De quoi profondément agacer les insoumis qui ont dénoncé par la voix de Manuel Bompard "un bel exercice d'enfumage" de François Bayrou.
"Qui peut croire qu'il y a une quelconque avancée pour les Français?", dans les engagements du Premier ministre, s'est demandé le coordinateur de La France insoumise.
Plus largement, le positionnement des socialistes fracture le NFP et les isolent au sein de la gauche au Parlement. Une bonne nouvelle pour le gouvernement qui va donc tenter d'arrimer les forces du PS aux discussions à l'Assemblée nationale pour obtenir son soutien.
Le RN "attend les actes"
Quant au Rassemblement national, qui a eu pour l'instant très peu d'échanges avec François Bayrou, il n'a pas non plus soutenu la motion de censure. Il faut pourtant que ses voix s'ajoutent à celle de l'ensemble de la gauche pour faire tomber François Bayrou. C'est ce scénario qui avait renversé Michel Barnier en décembre dernier.
"Vous mériteriez d'être sanctionné", a lancé à la tribune le député RN Sébastien Chenu.
"Nous n'attendons rien de vos politiques mais nous vous attendons sur vos actes", a encore précisé ce proche de Marine Le Pen, laissant donc planer un soutien dans les prochains mois à une future motion de censure.
Prochain test grandeur nature pour François Bayrou: le vote du budget de l'État qui va revenir à l'Assemblée dans les prochaines semaines. Le Premier ministre a toutes les chances de devoir dégainer le 49.3 - de quoi permettre aux oppositions de tenter à nouveau de la renverser.
Le Premier ministre s'est "offert un sursis de peut-être quelques semaines", a même reconnu le député socialiste Arthur Delaporte sur BFMTV.