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Élection d'une députée LFI à la tête d'une commission: Attal "écœuré" des "méthodes" de LR

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Le président des députés Renaissance ne digère pas qu'une partie de la droite refuse de soutenir le candidat macroniste à la présidence de la commission des Affaires économiques. Certains élus LR ont préféré voter pour l'insoumise Aurélie Trouvé. Gabriel Attal juge désormais la confiance avec la droite "fragilisée".

La température est montée de quelques degrés à l'Assemblée nationale ce mercredi matin. Le camp présidentiel ne digère pas l'absence de soutien des LR pour le candidat Renaissance à la présidence de la commission des Affaires économiques. Une députée LFI en a finalement pris la tête, avec le soutien d'une partie des élus LR.

Gabriel Attal s'est dit "écœuré de ces méthodes", regrettant que ces manœuvres ne "viennent fragiliser la confiance" avec les députés de droite, lors d'une réunion de groupe avec ses députés, d'après des informations de BFMTV.

Une commission des Affaires économiques facile à gagner sur le papier

Les raisons de sa colère: la remise en jeu des trois présidences de commissions ce mercredi. Leurs présidents étant devenus ministres, ils ne peuvent plus siéger à l'Assemblée et donc assumer ces fonctions.

Parmi les présidences concernées, on trouve notamment celle de la commission des Affaires économiques. Sur le papier, l'élection s'annonçait plutôt facile pour la coalition présidentielle. C'est Antoine Armand, désormais ministre de l'Économie, qui avait été largement élu à sa tête en juillet dernier.

Sur les rangs, on comptait notamment Julien Dive (LR), Aurélie Trouvé (LFI), Frédéric Falcon (RN) et l'ex-ministre (Renaissance) Stéphane Travert.

Barnier s'inquiète d'un manque de "solidarité"

Si Julien Dive a retiré sa candidature au dernier tour de vote, les élus de droite n'ont pas apporté leur soutien à Stéphane Travert, pourtant seul candidat en lice pour la coalition présidentielle.

Les députés LR se sont pour la plupart abstenus et un a voté pour Aurélie Trouvé. Résultat: la députée insoumise a été élue à la surprise générale avec 27 voix contre 25 pour Stéphane Travert.

De quoi agacer Renaissance mais également Michel Barnier.

"Le Premier ministre a indiqué sa préoccupation concernant la solidarité des différentes entités du socle commun qui n’a finalement pas été au rendez-vous", a fait savoir l'entourage du chef du gouvernement auprès de BFMTV.

Exit l'accord du mois de juillet

Le Premier ministre pourra cependant se consoler avec la victoire de deux députés de sa coalition. Frédéric Valletoux, ex-ministre délégué à la Santé a été élu président de la commission des Affaires sociales pour remplacer Paul Christophe, rentré au gouvernement. Aucun LR ne s'est présenté contre ce député Horizons.

Quant à la commission des Affaires étrangères jusqu'ici dirigé par Jean-Noël Barrot, désormais ministre des Affaires étrangères, elle a élu à sa tête Bruno Fuchs (Modem) après le retrait du candidat LR.

Mais le nouveau casting a des allures de match perdant-perdant pour la droite comme pour Renaissance. Aucun de leur parlementaire n'a ainsi récupéré la tête des présidences remises en jeu, faisant craindre une perte d'influence, déjà bien entamée depuis les dernières législatives à l'Assemblée.

"Une forme de braquage"

Preuve que l'ambiance s'est dégradée ces dernières semaines entre Laurent Wauquiez et Gabriel Attal: les deux hommes avaient su nouer un accord très lucratif cet été pour obtenir des postes-clés de l'Assemblée, de la questure en passant par les vice-présidences.

"Il y a trois semaines, j'ai redemandé explicitement et devant témoins si l’accord de juillet tenait toujours. Tout le monde a dit OK, y compris Wauquiez. Et depuis quelques jours, il a voulu aller au bout pour faire gagner LFI", a encore rapporté Gabriel Attal à ses troupes.

"C'est une une forme de braquage", a encore regretté l'ancien Premier ministre.

Coup de fil de Barnier

De quoi inquiéter Matignon qui a besoin que les parlementaires des différents camps de sa majorité se parlent pour parvenir à avancer sur l'examen du budget 2025 qui s'annonce déjà sous très haute tension.

Soucieux de ne pas prêter le flanc à des accusations de double jeu, Michel Barnier s'est fendu d'un coup de téléphone à son prédécesseur pour déplorer l'attitude de Laurent Wauquiez. Message reçu 5 sur 5 par l'ex chef du gouvernement.

"Ne tombons pas dans un piège qui voudrait qu'on se désolidarise du gouvernement", a ainsi demandé Gabriel Attal à ses troupes.

"Beaucoup espèrent qu'on faute et qu'on n'ait pas la maturité de faire passer le pays avant ces coups montés. Ne leur donnons pas cette opportunité", a encore avancé le président des députés Renaissance, soucieux de s'afficher comme le garant de la coalition présidentielle.

Aurélie Trouvé a assuré de son côté que "son élection prouvait que le Nouveau Front populaire pouvait avoir des majorités" à l'Assemblée.

Perrine Vasque et Marie-Pierre Bourgeois