BFMTV
Parlement

Bateau pour Gaza: François Bayrou accuse LFI "d'instrumentalisation", Mathilde Panot lui reproche de "manquer à tous ses devoirs"

placeholder video
Quatre Français dont la députée européenne Rima Hassan sont toujours maintenus dans un centre de rétention par Israël après l'arrestation d'un bateau en route pour Gaza. La présidente des députés LFI accuse François Bayrou de "ne pas avoir eu un mot" en leur faveur ce 11 juin.

Après une première passe d'armes ce mardi à l'Assemblée nationale entre l'insoumise Sophia Chikirou et le gouvernement, match retour. La présidente des députés LFI a interpellé ce mercredi le Premier ministre sur le sort des quatre Français qui restent maintenus dans un centre de rétention en Israël.

"Où est la France?", a demandé Mathilde Panot à François Bayrou, jugeant que la Flottile de la liberté, le nom de l'expédition menée en bateau pour amener de l'aide à Gaza, avait "plus fait en 10 jours" pour le sort des Palestiniens que "le gouvernement en 20 mois".

Centre de rétention

Le centriste a dénoncé de son côté "une instrumentalisation" par "des militants" politiques à "laquelle nous ne devons pas nous prêter". Des propos accueillis par les huées des insoumis.

Huit militants pro-palestiniens parmi lesquels quatre Français comme l'eurodéputée Rima Hassan ont été arrêtés par Israël dimanche soir après l'interception en mer de leur bateau pour Gaza.

Ils sont depuis maintenus dans un centre de rétention près de l'aéroport Ben Gourion. Quatre des 12 personnes présentes à bord, dont l'activiste pour le climat Greta Thunberg, ont pu regagner leur pays après avoir accepté leur expulsion vers leur pays.

"Kidnapping dans les eaux internationales"

Pour ce faire, ils ont dû signer un document reconnaissant leur entrée illégale sur le territoire israélien. Les personnes qui restent retenues, ont, elles refusé.

Selon un tracker en ligne, le bateau se trouvait au moment de leur arrestation dans les eaux internationales. Selon Benjamin Fiorini, maître de conférence en droit privé, contacté par BFMTV, cet acte n'est "pas du tout conforme au droit international". Israël n'a en effet pas de souveraineté dans la zone où a eu lieu l'interception.

Greta Thunberg a dénoncé de son côté lors de son rappatriment "un kidnapping dans les eaux internationales". L'ambassadeur de France en Israël, Joshua Zarka, a de son côté affirmé que l'arraisonnement du bateau s'était fait dans les eaux israéliennes, rejettant les accusations de violation du droit international.

Des rassemblements de soutien

Les quatre Français encore retenus en Israël ont un statut "d'immigré illégal" et "le but est de les mettre dans un avion vers la France le plus rapidement possible", a-t-il encore précisé.

Plusieurs rassemblements organisées notamment par LFI ont eu lieu en France pour réclamer leur retour au plus vite.

"Vous n'avez pas eu sans un mot de condamnation pour une eurodéputée et trois de nos concitoyens qui sont détenus par un État dirigé par un homme sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale. C'est du jamais-vu", a encore insisté Mathilde Panot à l'Assemblée nationale ce mercredi.

Réponse de François Bayrou: "je prends le regard des Français sur une situation inacceptable mais instrumentalisée". Ces mots ont provoqué le départ des députés insoumis de l'hémicycle.

Macron appelle à "leur protection"

Lundi, Emmanuel Macron a affimé que la France était "aux côtés de tous ses ressortissants lorsqu'ils sont en danger", assurant que Paris avait passé "tous les messages" à Israël pour que leur "protection soit assurée".

Les 12 militants étaient partis le 1er juin d'Italie à bord du voilier Madleen pour rejoindre la bande de Gaza et "briser le blocus israélien" imposé au territoire palestinien, en proie à un désastre humanitaire après plus de 20 mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Pour Israël, l'objectif principal du blocus est d'"empêcher le transfert d'armes au Hamas". La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Cinq syndicats (CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU) appelent à une "mobilisation pour la Palestine" samedi, avec notamment une manifestation à Paris, dénonçant "la fuite en avant mortifère des autorités israéliennes et les exactions" à Gaza

Marie-Pierre Bourgeois