BFMTV
Israël

Plainte contre Israël pour génocide: la grand-mère de deux enfants français morts à Gaza dit avoir agi par "devoir"

placeholder video
La grand-mère de deux enfants de nationalité française morts en 2023 à Gaza a porté plainte en France contre Israël, accusant les autorités d'être responsable de leur décès. La nationalité française des victimes pourrait déclencher la compétence directe de la justice française.

La grand-mère de deux enfants français morts à Gaza en 2023 explique avoir porté plainte contre Israël pour génocide, une première, parce qu'elle se sentait un "devoir" vis-à-vis d'eux, ce vendredi 6 juin devant la presse à Paris.

"Je me sentais un devoir de mémoire, je ne voulais pas qu'ils soient oubliés", explique Jacqueline Rivault, avec émotion.

Janna, 9 ans, et Abderrahim, 6 ans, appelé "Obeida" par sa grand-mère, sont morts après avoir été visés par des tirs de l'armée israélienne dans la nuit du 23 au 24 octobre 2023 à Gaza. Selon Jacqueline Rivault, le garçon "meurt sur le coup", tandis que la fille décède de ses blessures après plusieurs mois à l'hôpital.

"Ils auraient mérité une vie"

Jacqueline Rivault explique que sa plainte représente "énormément de choses pour les enfants, pour leur mémoire".

"Ils auraient mérité une vie, ils étaient très jeunes", juge-t-elle, estimant "qu'on ne (leur) a pas laissé le choix, si ce n'est d'être tués dans des circonstances atroces et de laisser Yasmine ma fille et Omar leur frère très grièvement blessés et psychologiquement touchés".

Actuellement, Yasmine, également touchée dans les frappes, est toujours grièvement blessée, alors que les médecins ont découvert qu'elle avait "encore un fragment de missile qui se déplace vers l'artère fémorale".

Le troisième enfant de la fratrie, Omar, âgé de deux ans et demi au moment des faits, a survécu aux tirs. S'il va "nettement mieux" aujourd'hui, il est marqué par cet épisode. Âgé de cinq ans, il "ne comprend pas qu'il ne reverra plus son frère et sa sœur", se désole Jacqueline Rivault. Les parents et Omar sont actuellement dans un lieu tenu secret pour leur sécurité.

Du "temps" pour réussir à surmonter la "douleur"

La grand-mère des enfants explique avoir mis du temps à porter plainte en raison de sa "douleur", après la mort de deux de ses petits-enfants.

"Il m'a fallu beaucoup de mois pour passer ce cap", dit-elle. "Perdre d'un seul coup et aussi violemment deux enfants, ça dévaste. Je ne voulais pas y croire".

Désormais, elle porte plainte aussi en partie pour sa fille. "Yasmine ne veut pas, ne peut pas actuellement porter plainte pour sa sécurité. Elle craint pour sa sécurité, de son mari, d'Omar et de sa belle-mère", explique Jacqueline Rivault.

La grand-mère juge l'armée israélienne responsable

Pour Jacqueline Rivault, cette plainte pour homicide volontaire en tant que crime de guerre, crime contre l’humanité et crime de génocide était nécessaire, car elle considère que les autorités israéliennes ont une responsabilité dans la mort de ses deux petits-enfants.

"L'armée israélienne, dès le lendemain du 7-Octobre, a pénétré dans la bande de Gaza et a commencé à bombarder et tuer, surtout des civils", dit la grand-mère.

À la question de savoir si la famille a été ciblée volontairement, la grand-mère répond: "je pourrais le dire, parce que beaucoup de gens ont été délibérément visés, quand on compte le nombre de journalistes palestiniens tués, les hôpitaux bombardés".

Pour elle, ces frappes s'expliqueraient "parce que (Yasmine) avait une action humanitaire". "Les humanitaires, ces derniers temps, étaient systématiquement visés", assure Jacqueline Rivault.

La mère des enfants, Yasmine, a été condamnée en 2019 en son absence à Paris pour financement du terrorisme pour avoir distribué de l'argent à Gaza à des membres du Jihad islamique et du Hamas entre 2012 et 2013. Elle est visée par un mandat d'arrêt.

Netanyahu visé dans la plainte

"Si une plainte judiciaire déposée en France par une grand-mère peut avoir comme impact de faire lancer des mandats d'arrêt internationaux contre tous ceux qui peuvent d'une manière ou d'une autre être complices ou auteurs de ces faits, alors il y aura une dissuasion politique", espère devant la presse l'avocat de Jacqueline Rivault Me Arié Alimi.

"Nous pensons véritablement, qu'avec une simple plainte déposée en France, on renforce l'ordre juridique international, l'ordre pénal international qui est fracturé", dit-il.

"On voit que malgré les décisions de la Cour internationale de justice, malgré les mandats d'arrêt lancés par la Cour pénale internationale, il n'y a pas d'arrêt de ce nettoyage ethnique (à Gaza)", soutient-il.

La plainte est déposée contre X mais vise nommément le Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi que les membres du gouvernement israélien, ainsi que Tsahal.

Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre qui ravage Gaza, déclenchée par l'attaque du 7-octobre, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils.

En retour, Israël a lancé une campagne militaire de représailles, passant par des bombardements massifs et des combats au sol, qui a tué plus de 54.600 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Juliette Desmonceaux