Nicolas Sarkozy, le retour annoncé

Nicolas Sarkozy en mars 2014, lors d'une de ses rares apparitions publiques récentes. - Valery Hache - AFP
Cette fois, c'est sûr: maintes fois annoncé, le retour de Nicolas Sarkozy dans l'arène politique aura lieu en fin de semaine, pour tenter dans un premier temps de reconquérir l'UMP, puis de prendre sa revanche en 2017 face à son tombeur François Hollande.
L'ancien président, dont la défaite en 2012 est due en partie à sa personnalité jugée trop "clivante", n'entend pas dire aux Français qu'il a changé. Selon ses proches, son message sera plutôt "j'ai compris".
Compris quoi? Nicolas Sarkozy devra s'en expliquer au cours de sa campagne, d'ici au 29 novembre, date de l'élection du président de l'UMP, à laquelle pourront participer, via internet, les 268.080 adhérents du parti (dont 261 élus).
La fin du triumvirat Juppé-Raffarin-Fillon
Pour les modalités pratiques, il ne reste plus que quelques jours à patienter. Vendredi, samedi ou dimanche? En tout cas, après la conférence de presse du président Hollande, jeudi.
Nicolas Sarkozy dira qu'il est candidat à la succession du triumvirat provisoire (Juppé, Raffarin, Fillon), qui dirige, avec le secrétaire général Luc Chatel, le parti depuis la démission forcée, fin juin, de son ancien président Jean-François Copé, à la suite du scandale Bygmalion.
Viendra-t-il sur le plateau d'un 20h? Pas sûr, selon des proches. Il fera peut-être un journal télévisé avec une déclaration écrite préalable, dit-on, l'ex-président semblant vouloir garder une certaine part de suspense.
Une équipe de campagne resserrée
Pour sa campagne, Nicolas Sarkozy va s'entourer d'une équipe resserrée. Son ami et ex-patron de la police nationale Frédéric Péchenard sera son directeur de campagne, selon le Journal du Dimanche, information confirmée à l'AFP par plusieurs élus UMP.
Frédéric Péchenard, ancien candidat aux municipales à Paris sur la liste de Nathalie Kosciusko-Morizet, a déjà été chargé par Nicolas Sarkozy de lui trouver des locaux. Les autres membres de cette petite équipe, notamment le porte-parole du candidat, seront puisés parmi les jeunes élus abondamment reçus par l'ancien président, au 77 rue de Miromesnil (Paris VIIIe): Gérald Darmanin, 31 ans, député-maire de Tourcoing, Virginie Duby-Muller, 35 ans, députée de Haute-Savoie, Guillaume Larrivé, 37 ans, député de l'Yonne...
Deux concurrents mais un résultat final déjà attendu
Pendant les douze semaines suivantes, Nicolas Sarkozy fera de nombreux déplacements, dont plusieurs meeting, à travers la France. Si le résultat final ne fait guère de doute - selon tous les sondages il devrait l'emporter sans problème - ses deux concurrents, les députés Hervé Mariton (Drôme) et surtout Bruno Le Maire (Eure), sont déterminés à l'empêcher de se faire élire avec un score de maréchal. Lors de sa première élection à la tête du parti, en novembre 2004, il l'avait remporté avec 85% des voix.
Tous deux viennent de publier leur propre ouvrage, "Le bonheur regarde à droite" (Cerf) pour Hervé Mariton, crédité de 2% dans les sondages, qui ne veut pas d'"un parti réduit à une machine servant des ambitions personnelles", et "A nos enfants" (Gallimard), pour Bruno Le Maire. Dans cet ouvrage intimiste, l'ancien ministre de l'Agriculture, qui pourrait rafler autour de 20% des voix le 29 novembre, selon les sondages, parle aux jeunes de la "nouvelle" France qu'il veut "inventer avec eux".
La primaire pour la présidentielle de 2017 en ligne de mire
Les proches de M. Sarkozy comptent néanmoins sur l'effet d'entraînement de sa déclaration de candidature pour ramener à lui le plus de voix possibles. La Droite forte notamment, premier courant de l'UMP, fondé par Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, mène une campagne de parrainages active (plusieurs milliers ont déjà été obtenus, alors qu'il en faut 2.681, soit 1% du nombre total d'adhérents).
Pour Sarkozy et ses partisans, il ne fait pas de doute que candidature à l'UMP vaut candidature à une "primaire ouverte, de la droite et du centre" pour 2017, à laquelle l'ancien président s'est finalement rallié, après y avoir été opposé. Mais certains proches regrettent son choix de passer par la case UMP, qui pourrait "lui porter tort", selon Bernadette Chirac.
"Je ne suis pas sûr que ce soit une excellente idée, un ancien président de la République a vocation à se tenir au-dessus des rôles partisans", affirme aussi Henri Guaino, son ex-conseiller à l'Elysée, qui ajoute: mais "s'il se présente, je le soutiendrai".