Marine Le Pen indigne la classe politique sur le Vél' d’Hiv

Voilà qui pourrait nuire à la stratégie de "dédiabolisation" du Front national : en remettant en cause dimanche la responsabilité de la France dans la rafle du Vélodrome d'Hiver pendant la seconde guerre mondiale, Marine Le Pen s'est attirée les foudres de la classe politique. "Si on doutait que Marine Le Pen était d’extrême droite, on ne peut plus en douter", lance Benoît Hamon. Marine Le Pen "arrange l'Histoire", "parce que la responsabilité de la France est évidente". "Il n’y avait pas un soldat allemand pour prêter main forte aux policiers" français, rappelle le candidat socialiste.
Sur notre antenne, Emmanuel Macron condamne également: "Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu'est le Front national aujourd'hui dans notre pays. Donc c'est une faute grave, ce qu'elle a fait". "Marine Le Pen a fait toute son éducation politique dans l'ombre de son père et de son discours antisémite", ajoute le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière.
À droite, le président de la région Christian Estrosi, farouche adversaire de la présidente du Front national, est sans appel: "En niant la responsabilité de l'Etat français sur le Vel d'Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l'indignité & du négationnisme."
Dans la lignée du "détail de l'histoire" de Jean-Marie Le Pen
Dimanche dans l’émission Le Grand Jury de RTL, LCI et Le Figaro, la candidate du Front national a assuré que "la France n’était pas responsable du Vél' d’Hiv". "S’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas la France", a estimé la dirigeante d'extrême droite.
Dans une communiqué, la fille du "menhir" a tenté de clarifier sa pensée: "Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation, et que le régime de Vichy n’était pas la France."
Avec cette position, Marine Le Pen revient cependant sur 70 ans de travail des historiens (entre autres Robert Paxton, avec La France de Vichy), et détourne le mythe résistancialiste.
Depuis imité par Nicolas Sarkozy et François Hollande, Jacques Chirac avait, en 1995, endossé au nom de la France cette responsabilité historique: "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions", avait alors proclamé le président de la République.
"Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français, déclarait alors le chef de l’Etat à propos de la rafle. La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux."