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Marine Le Pen continue d'affirmer qu'un retraité français modeste est "moins bien traité qu'un migrant"

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, le 12 mars 2019

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, le 12 mars 2019 - Capture d'écran BFMTV

La présidente du Rassemblement national affirme notamment que les migrants, "fraîchement débarqués" ou non, sont aidés en priorité au détriment des Français.

"Je pense que les Français ont plus de droits que n'importe qui d'autre dans leur propre pays", estime Marine Le Pen. Invitée de BFMTV ce mardi matin, la présidente du Rassemblement est revenue sur l'injustice majeure que subiraient, d'après elles, les Français les plus modestes vis-à-vis des immigrés arrivant sur notre sol. 

"Il faut réserver la solidarité nationale, y compris en matière de logement, à nos propres compatriotes", a-t-elle déclaré, affirmant que la totalité des logements d'urgence était aujourd'hui attribuée aux "migrants fraîchement débarqués". 

Migrants avantagés?

Depuis plusieurs jours, la députée du Pas-de-Calais et la tête de liste RN aux européennes, Jordan Bardella, martèlent l'idée selon laquelle un migrant pourrait toucher davantage de prestations sociales de la part de l'État qu'un retraité modeste français ayant "travaillé toute sa vie". 

"Combien de retraités modestes, mais qui ont un petit capital, ne demandent pas le minimum vieillesse parce qu'ils veulent laisser quelque chose à leurs enfants? (...) Ils préfèrent vivre extrêmement chichement, en dessous (...) du seuil de pauvreté pour pouvoir laisser le petit capital qu'ils ont réussi à se constituer par leur travail durant toute leur vie à leurs enfants", estime Marine Le Pen.

Comme l'a récemment décortiqué de manière détaillée Le Monde, la dirigeante populiste compare deux allocations qui, en réalité, sont de niveaux bien éloignés: l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) et l'allocation pour demandeur d'asile (ADA), la dernière étant réservée, comme Marine Le Pen s'y réfère, aux immigrés "fraîchement débarqués". Les tracts du RN entretiennent par ailleurs d'importantes confusions entre les catégories d'immigrés.

Problèmes de chiffres

Comme l'a reconnu l'intéressée elle-même sur notre antenne, l'ASPA est aujourd'hui fixée à 868 euros mensuels, comme l'a récemment rappelé France Info. L'ADA, elle, représente à peine plus de 200 euros par mois pour une personne. Si l'on y ajoute la majoration journalière de 7,40 euros, à laquelle peut accéder un adulte qui n'a pas d'hébergement, le total atteint entre 426 et 440 euros selon selon Factuel, le site de fact-checking de l'AFP. 

Sauf que, prétend la patronne du RN, l'aide médicale d'État (l'AME, dont peuvent bénéficier les étrangers en situation irrégulière) coûterait "trois fois plus cher" à la collectivité que ce que coûte quelqu'un bénéficiant de la Sécurité sociale et de la Protection universelle maladie (PUMA) qui l'accompagne. 

Outre le fait que cette affirmation est difficilement vérifiable, l'AME ne donne droit qu'à un panier restreint de soins, comme l'a établi Le Monde en 2017. La PUMA (anciennement dénommée CMU) garantit une protection de santé à toute personne qui réside ou travaille en France de manière stable et régulière, et ne concerne pas les sans-papiers. Il permet aux personnes sans activité professionnelle de bénéficier d'une prise en charge gratuite de leurs frais de santé, sous conditions de ressources.

Le budget total de l'AME, en 2018, était de 923 millions d'euros et bénéficiait à plus de 311.000 personnes en 2016.

"Afflux migratoire" venant d'Algérie

Sur le sujet, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a d'ailleurs entamé son entretien en exprimant sa crainte que les soubresauts politiques que connaît l'Algérie ne provoquent un "afflux migratoire" massif. Elle pense, comme son père Jean-Marie Le Pen, qu'il faut temporairement "suspendre l'octroi de visas" français aux ressortissants algériens. "C'est une mesure raisonnable", estime la députée RN.

Et Marine Le Pen de citer, pour illustrer son propos, un chiffre récemment évoqué par le journaliste franco-algérien Mohamed Sifaoui auprès du Figaro: "Vous avez 10 à 15 millions de personnes qui, légalement, peuvent venir en France parce qu'ils ont des liens avec la France", affirmait-il le 20 février. 
Jules Pecnard