Européennes: la "dauphine" de Merkel marque sa distance avec la vision de Macron

Annegret Kramp-Karrenbauer le 10 septembre 2018. - Odd ANDERSEN / AFP
Une tribune ne fait pas le printemps. Dans son édition de dimanche, le quotidien allemand Die Welt a publié un texte en forme de réponse à celui écrit par Emmanuel Macron et diffusé le 4 mars dans 28 journaux européens. Celui de dimanche est signé Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée "AKK", qui a récemment pris la succession d'Angela Merkel à la tête de la CDU.
Dedans, elle met en garde contre tout "centralisme" ou "étatisme" européens, la "communautarisation des dettes", "l'européanisation des systèmes de protection sociale et du salaire minimum". Soit, pour dire les choses schématiquement, contre une partie des options tracées par le président français dans son texte adressé aux "citoyens européens".
Cela vaut en particulier pour le "bouclier social" proposé par Emmanuel Macron, qui impliquerait entre autres "une même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays".
Autre point de friction: l'obtention par l'Union européenne d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui obligerait la France, en théorie, à abandonner le sien. AKK reprend là une revendication défendue depuis longtemps par l'Allemagne et à laquelle Paris a toujours refusé d'agréer. Dans sa tribune, Emmanuel Macron a proposé la mise en place d'un Conseil de sécurité au niveau européen. Une sorte de premier pallier avant l'Europe de la Défense que le chef de l'État appelle de ses vœux.
Un accord, en revanche, sur la question migratoire
L'intéressée partage néanmoins l'objectif d'Emmanuel Macron sur la question migratoire, à savoir mieux protéger les frontières extérieures de l'UE - et ce notamment parce que la patronne de la CDU amorce depuis plusieurs mois un virage à droite.
"Pour nous sentir en sécurité en Europe, nous avons besoin de frontières extérieures plus sûres", écrit-elle, précisant par ailleurs qu'une "nouvelle fondation de l'UE" ne peut se faire "sans États-nations".
L'opposition entre les deux dirigeants sur le terrain social a son importance, dans la mesure où AKK a de bonnes chances de prendre la suite d'Angela Merkel lorsque celle-ci aura achevé son quatrième mandat, en 2021, à la tête de l'Allemagne.