Manif pour tous: Taubira réplique à Macron sur les "humiliés"

Christiane Taubira, le 29 janvier 2016. - Jewel Samad - AFP
Une semaine après la polémique déclenchée par les propos d'Emmanuel Macron sur les opposants au mariage pour tous, la principale intéressée lui répond. Dans une interview à L'Obs, le candidat d'En Marche! estimait qu'en 2013, la Manif pour tous et autres opposants à la légalisation du mariage pour les couples de même sexe avaient été "humiliés". Dans un entretien accordé au Monde, Christiane Taubira, plutôt silencieuse depuis sa décision de ne pas se présenter à la présidentielle, déclenche la riposte.
"Qui a été humilié? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins? Celle qui recevait des menaces de mort? Celle sur qui on lançait des œufs?", énumère l'ancienne ministre, qui rappelle ainsi qu'elle avait été prise pour cible pendant tout le temps qu'avaient duré les débats autour de la loi qu'elle a portée et à laquelle elle a donné son nom.
"A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendu et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient", poursuit Christiane Taubira, qui se défend des accusations du candidat à la présidentielle.
Agressions physiques et insultes homophobes
Après les propos d'Emmanuel Macron, de nombreux internautes et plusieurs personnalités politiques avaient aussi rappelé que les humiliations avaient plutôt concerné les défenseurs de la loi et surtout les homosexuels.
"Il était secrétaire général adjoint de l'Elysée quand Christiane Taubira recevait des bananes, qu'on dénonçait les sodomites dans des manifestations. je n'ai pas eu le sentiment d'avoir vu des personnes humiliées dans ces manifestations", a ainsi déclaré Benoît Hamon, dénonçant les "propos troubles" de son adversaire.
A son tour, Christiane Taubira insiste sur ce qu'ont subi de nombreuses personnes en 2013, une année où les témoignages d'homophobie ont bondi de 78%, comme l'a rapporté l'association SOS Homophobie dans son rapport annuel.
"Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celles avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d''enfants Playmobil'. Elle était dans quel camp, l’humiliation?", insiste l'ancienne ministre.
Le jour de la parution de ses déclarations, Emmanuel Macron présentait ses propositions sur l'égalité et promettait par la même occasion de "protéger" et "défendre" la loi Taubira. Une manière d'éteindre la polémique, mais qui n'a visiblement pas suffi.