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Remontés et embarrassés: la galère des LR face au vote de confiance de François Bayrou

Le chef de file des députés Les Républicains Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale le 4 mars 2025

Le chef de file des députés Les Républicains Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale le 4 mars 2025 - Photo by Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

En annonçant qu'il solliciterait un vote de confiance à l'Assemblée nationale, François Bayrou a pris de court les députés LR, mis dans l'embarras et agacés par cette décision. L'enjeu pour eux: soutenir ce gouvernement dont la droite fait partie tout en se distinguant de certaines propositions budgétaires, très impopulaires, du Premier ministre.

Ce mercredi, l'incompréhension et la colère régnaient toujours dans les rangs des députés Les Républicains. Pourquoi François Bayrou a-t-il décidé lundi, en amont de l'examen du budget, de solliciter un vote de confiance à l'Assemblée nationale pour le 8 septembre prochain?

Un scrutin qui devrait précipiter sa chute, ainsi que celle des ministres LR de son gouvernement, les oppositions lui ayant promis dans la foulée un vote contre sa politique.

Si tant qu'il y ait une explication, "c'est une connerie", dixit le député Julien Dive, ne masquant aucunement son agacement: "Il sait très bien que mathématiquement, il n'aura pas la confiance, il se fait hara-kiri. C'est comme dans le sketch des Inconnus: 'je m'en vais comme un prince'."

"Je m'en vais comme un prince"

"Deuxièmement il prend un risque économique, sa décision a directement fait chavirer les marchés. Et, en plus il y a une instabilité politique puisqu'il faut préparer la suite", ajoute-t-il.

Au sein des députés LR, la pilule a d'autant plus de mal à passer que les reproches se font aussi vis-à-vis du parti. En cause: le fait que le patron Bruno Retailleau, par ailleurs ministre de l'Intérieur, a annoncé dans un communiqué la position de la droite - un vote pour la confiance sans soutenir pour autant toutes les mesures budgétaires de François Bayrou - avant même la réunion des députés à la mi-journée.

"C'est clair que ce n'est pas du tout passé auprès des députés. Bruno a ses contraintes parce qu’il est membre du gouvernement, mais c'est nous qui votons", relate un député.

Un problème de forme, mais sur le fond, la plupart consentent à se prononcer pour la confiance.

"Cela fait un an que l'on va de surprise en surprise"

"Il y a un enjeu de cohérence. On a vocation à être un parti de gouvernement et un parti responsable, on a toujours prôné le redressement des comptes publics. Il se trouve qu'en plus on gouverne ensemble", considère une députée LR.

Pour cette élue, les griefs n'en sont pas moins présents, de même que les réticences vis-à-vis du budget Bayrou.

Il faut dire que l'équilibre est dur à trouver pour les députés LR: le discours du Premier ministre, consistant à expliquer que ce vote de confiance portera uniquement sur la nécessité de redresser les finances publiques, permettra-t-il vraiment de distinguer cette étape du contenu de ses propositions budgétaires?

Question de taille, car certaines mesures souhaitées par François Bayrou sont fortement décriées. À commencer par la suppression de deux jours fériés, dont LR prend bien soin de se démarquer: 84 % des Français y sont opposés selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, publié ce lundi 25 août.

De la même façon, une grande majorité d'entre eux - sept sur dix - ne souhaitent pas que le chef du gouvernement obtienne la confiance, d'après un sondage Elabe réalisé ce mardi pour BFMTV.

"Pas envie d'être amalgamé à ce budget"

Un contexte très embarassant pour les députés LR qui voient revenir le spectre d'une dissolution qui les pousserait, si elle advenait, à faire campagne. Pour l'instant, Emmanuel Macron dit ne pas envisager ce scénario, mais son entourage précise qu'"il ne se privera pas a priori d'un pouvoir constitutionnel."

Dissolution ou non, des adversaires de LR ne se privent pas pour mettre le parti dans le même sac que le camp présidentiel. A commencer par l'ancien patron des lieux, Éric Ciotti, parti en alliance avec l'extrême droite aux dernières élections législatives. "Triste spectacle pour LR, prisonniers du macronisme qu'ils doivent soutenir jusqu'aux enfer de l'incompétence", a-t-il cinglé ce mardi sur X.

Preuve du malaise, certains députés LR menacent de s'abstenir. Dans ce groupe de 49 parlementaires, cinq élus, dont Julien Dive, auraient fait part de cette position en réunion de groupe. Ce dernier enjoint le Premier ministre a concentrer l'effort de 44 milliards d'euros avant tout sur les dépenses de l'État plutôt que sur les Français.

"Tous les députés qui sont dans des circonscriptions où il y a un ras-le-bol social et fiscal hésitent à cette confiance, car ils n'ont pas envie d'être amalgamés à ce budget", rapporte le député LR Jean-Didier Berger, qui tente de rassurer: "On a déjà montré que l'on était là pour corriger de l'intérieur. Le piège serait d'être incohérent par rapport à tout ce que l'on a fait en juillet dernier [en rejoignant le gouvernement]."

Baptiste Farge