Le Fillon nouveau ne craint plus de taper fort

François Fillon à Saint-Raphaël fin août 2013 - -
Quelle mouche a piqué François Fillon? L’on aurait pu le croire refroidi après avoir dû se confiner à la position commune de l’UMP sur le FN. Mais non. En déplacement à Moscou, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy réalise un nouveau coup d’éclat sur la Syrie, en contestant la position de la France. "Un homme d’Etat ne va pas critiquer son pays à l’étranger", s’est indigné Henri Guaino sur RMC.
"Ceux qui sont surpris de la liberté de parole de François Fillon devront s'y faire, a déclaré au Figaro son ancien directeur de campagne à la présidence de l’UMP, Éric Ciotti. Ca va continuer". Fini le François Fillon tiède, celui qui finissait par toujours refuser le combat et la polémique. Il pense, donc il dit.
"L'opposé de Nadine Morano"
"Derrière sa posture austère, son style à l'opposé d'une Nadine Morano, François Fillon a des positions tranchées. C’est faux de l’avoir présenté comme un homme sans personnalité lors de son duel avec Jean-François Copé", analyse Arnaud Mercier, politologue et professeur à l’Université de Lorraine, notamment sur des questions de communication politique. Et ce nouveau ton paraît plaire à ses soutiens.
Sa position a ainsi paru "logique" à Valérie Pécresse. En clair, comme l’a déclaré au Monde son fidèle lieutenant Jérôme Chartier, "François Fillon entend faire bouger les lignes". Quitte à être brutal. En intervenant sur des thèmes majeurs comme le rapport de l’UMP au Front national, et en prenant position sur le dossier syrien en compagnie de Vladimir Poutine, François Fillon se place à l’UMP, se positionne face à ses rivaux potentiels Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy, et s'inscrit, plus largement dans le paysage politique français comme un acteur indépendant.
Le "plan B" de Fillon
"Chez Fillon, ce n’est pas que de la communication. Ses prises de positions s’inscrivent dans une vraie stratégie, explique Arnaud Mercier. S’il ne veut rien concéder au populisme, il tape fort sur le fond. Pour exister politiquement et médiatiquement il est prêt à choquer en clamant haut et fort ce qu’il pense, détaille Arnaud Mercier. Après l’échec de la présidence de l’UMP, François Fillon a dû mettre au point un plan B qui se met en marche à présent. En conservant son style, il monte en charge pour gagner en visibilité."
Notamment sur son blog où l’ancien Premier ministre répond à toutes les polémiques qu’il suscite sciemment. "La réaction brutale et faussement outrée de quelques socialistes est dérisoire. Elle montre que je suis devenu une cible pour la gauche dont je ne crains ni les coups ni les intimidations. Mais surtout, cette réaction prouve que j’ai touché juste", écrit-il.
"Des qualités de président de la République"
"Comment un homme qui prétend un jour représenter la France peut-il aller dénigrer son action sur le sol d'une puissance étrangère qui n'a cessé ces dernières années de s'y opposer?", s'interrogeait le chef des députés socialiste Bruno Le Roux quand le porte-parole du PS David Assouline raillait: "Ce n'est plus une dérive mais le naufrage politique d'un homme qui se voulait d'Etat".
Sur son blog toujours, François Fillon semble leur répondre. "Il se dit que François Hollande n’a pas apprécié mes propos tenus en Russie, poursuit-il. […] C’est ma conviction et c’est mon droit. [...] Plus qu’un droit, je dirai même, mon devoir".
Cette fois, ce fan de course automobile avance pied au plancher vers un destin qu’il rêve présidentiel. C’est "un homme engagé, pugnace, déterminé et qui ne s'excuse pas d'exister", dit encore de lui Jérôme Chartier. "Des qualités utiles à un futur président de la République". Cette fois le message ne nécessite aucune précision.