Critiquer la France à l'étranger: une barrière (presque) jamais franchie

François Fillon et Vladimie Poutine lors de leur rencontre, le 19 septembre. - -
En mars dernier à Bruxelles, c'est un Nicolas Sarkozy "rieur" et "moqueur" qui avait ironisé sur François Hollande, selon le compte-rendu du Monde. Pour autant, l'ancien président de la République s'était bien gardé de se montrer trop virulent à l'égard de son successeur. "J'ai gardé un reste d'expérience politique qui fait que je ne vais pas trop loin dans mes propos", avait-il glissé, laissant alors entendre qu'il n'en pensait pas moins. Or cette barrière implicite a été largement enfoncée par François Fillon jeudi soir en Russie.
L'ex-Premier ministre a ouvertement dénoncé le manque d'indépendance française sur la Syrie, qui plus est face à Vladimir Poutine, soutien de la première heure de Bachar al-Assad. "Que #Fillon critique la France depuis l'étranger, c'est une faute. Qu'il le fasse devant #Poutine, c'est impardonnable", a tweeté la journaliste politique de BFMTV Apolline de Malherbe.
Les précédents Royal et Copé
Hors du jeu politique et des frontières nationales, ce genre de prises de position reste rare. Néanmoins, il existe au moins deux précédents. Le dernier en date se déroule début 2013 lorsque, en visite à Berlin dans les locaux de la Fondation Konrad-Adenauer, le président de l'UMP Jean-François Copé pointe la "responsabilité personnelle" de François Hollande dans les difficultés relationnelles entre la France et l'Allemagne. Ironie de l'histoire, rappelle alors le HuffingtonPost, le député-maire de Meaux avait vivement reproché à à Ségolène Royal d'avoir critiqué Nicolas Sarkozy depuis le Sénégal, lors d'un déplacement en 2009.
"Ce qu'elle a dit est absolument scandaleux. [...] Tout d'abord parce qu'ils [ses propos] ont été dits à l'étranger. C'est inimaginable qu'un responsable politique, qu'il soit de la majorité ou a fortiori de l'opposition, critique notre pays à l'étranger", tonnait Jean-François Copé. Une leçon qu'il ne s'est finalement pas appliqué à lui-même - bien que ni lui ni Ségolène Royal n'aient occupé d'aussi hautes fonctions que François Fillon.
Que pense aujourd'hui Jean-François Copé de la "sortie" russe de son meilleur ennemi? Rappelons que c'est déjà de l'étranger, au Japon, que François Fillon avait fait savoir qu'il serait "candidat quoi qu'il arrive" à la primaire UMP de 2016. Contre Copé?