Le camp Sarkozy instruit le procès en "mollesse" de Juppé

Alain Juppé est le favori des sondages de la primaire à droite - AFP
Pour s'être lié à François Bayrou, Alain Juppé est taxé de "mollesse" par le camp de Nicolas Sarkozy. L'ancien chef de l'Etat et ses supporters accusent le candidat d'avoir un programme "mou" face à un Nicolas Sarkozy qui incarnerait une droite "forte".
Ce mercredi sur BFMTV-RMC, Nadine Morano a ainsi estimé qu'on "ne peut pas avoir un président fort avec un programme mou". D'après l'eurodéputée la ligne politique d'Alain Juppé est "dans la continuité de François Hollande". Selon elle, la candidature du maire de Bordeaux serait même comparable à celle de Lionel Jospin en 2002.
Juppé ou "l'alternance molle"
Même champ lexical du côté de Nicolas Sarkozy, ce mercredi sur France info. "Je veux une alternance forte" a-t-il assuré. "Comment imaginer qu'avec 100 ou 150 députés pour François Bayrou on puisse avoir une alternance forte, on aura une alternance molle". Et d'insister: "Après le président de l'impuissance, je ne veux pas d'une alternance molle".
François Baroin a poursuivi ce discours lors d'une conférence de presse au QG de campagne de Nicolas Sarkozy ce mercredi.
"A la présidence normale ne peut pas succéder une présidence de statut quo", a asséné le soutien du candidat.
Selon lui, "la question fondamentale de la clarté de l'alternance", se pose.
Sarkozy se place en réformiste
Les sarkozystes reprochent à François Bayrou ses positions politiques. Christian Jacob évoque son refus de voter "la réforme des retraites" en 2010 ou encore sa "motion de censure contre le gouvernement de Jacques Chirac".
Les soutiens de Nicolas Sarkozy veulent défendre une ligne réformiste de leur candidat, alors que Bayrou "c’est l’anti-réforme", selon Eric Woerth.
Le 11 octobre dernier, Eric Ciotti définissait la ligne "centrale" d'Alain Juppé. Le porte-parole de Nicolas Sarkozy pour la primaire de la droite estimait auprès de L'Opinion qu'Alain Juppé "porte une politique beaucoup plus centriste que Nicolas Sarkozy". "Il y a toujours eu des candidats plus au centre et des candidats avec des idées plus fortes, plus affirmées".
Le camp Juppé prône l'ouverture
Si Alain Juppé s'est placé auprès des centristes, c'est pour mieux préparer le scrutin présidentiel de 2017. Dans l'hypothèse d'un duel face à Marine Le Pen au second tour, le candidat de droite devrait l'emporter et composer avec les voix des électeurs de gauche.
Une éventualité évoquée par Benoist Apparu, le porte-parole d'Alain Juppé. Sur LCP, le 4 octobre dernier, il assurait: "Si on se retrouve dans une configuration similaire à celle de 2002, on ne pourra pas faire comme si rien ne c’était passé".
"La politique d'@alainjuppe est le rassemblement de la droite et du Centre. #Sarkozy fait un choix différent" #BFMTV
— Benoist Apparu (@benoistapparu) 1 novembre 2016
La solution serait de "trouver des modalités politiques différentes que de camper sur nos positions de droite, en alliance avec le centre et tous ceux qui veulent nous rejoindre", selon lui. A l'inverse de 2002, donc. Jacques Chirac avait alors emporté la bataille face à Jean-Marie Le Pen et attribué le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Raffarin, après la démission de Lionel Jospin.
Accuser son rival de "mollesse" serait-il un classique des primaires? Martine Aubry a en tout cas déjà tenté l'expérience lors de la primaire socialiste en 2011. A l'époque, François Hollande était taxé d'incarner une "gauche molle" quand la maire de Lille se présentait elle-même comme une candidate de "gauche forte".