Carte d'identité obligatoire dans les transports: une fausse bonne idée?

Tolérance zéro pour la fraude dans les transports, c'est l'objectif affiché par Valérie Pécresse, candidate UMP à la présidence de la Région Ile-de-France. Elle a présenté mardi une proposition de loi en compagnie d'autres élus UMP.
"Il faut aujourd'hui obliger les usagers à prendre des papiers d'identité qui permettent de les identifier lorsqu'ils prennent des transports en commun" pour permettre de recouvrer des amendes, a-t-elle expliqué. Selon cette proposition de loi, "si vous n'avez pas de ticket valide, alors on pourra vous demander vos papiers et (...) contrôler votre identité", a-t-elle détaillé, précisant que son texte s'adressait "uniquement aux fraudeurs".
Une exagération du coût de la fraude
"Nous avons une fraude dans les transports publics qui s'élève à 500 millions d'euros", assurait mardi la députée qui veut rendre obligatoire la carte d'identité lors des contrôles. Elle évoquait le 10 mai dernier un montant de "200 à 400 millions d'euros". La fraude s'élève à 300 millions d'euros pour la SNCF et 90 millions d'euros pour la RATP, rappelle Le Monde.fr.
Toutefois, BFMTV a rencontré des fraudeurs pour qui la mesure est difficilement applicable, tout simplement parce que l’adresse indiquée sur la carte d’identité ne correspond pas toujours à l’adresse réelle. Dans ces cas-là, le suivi d'amende ne fonctionnerait pas.
"Totalement inapplicable"
Le PS rejette également cette idée en bloc.
"Elle est partie dans surenchère sécuritaire" avec le FN, dénonce François Kalfon, conseiller régional PS d'Ile-de-France.
"Cette mesure est totalement inapplicable et en contradiction avec sa volonté de réduction des coûts. Elle est illégale car seul les policiers ou les gendarmes ayant la qualité d'officiers, agents ou agents adjoints de police judiciaire peuvent effectuer de tel contrôle", réagit le sénateur-maire PS d'Aflortville Luc Carvounas.
Valérie Pécresse avait déjà avancé cette idée début mai au Grand Rendez-Vous I-Télé, Europe 1, Le Monde. Elle s'était également prononcée pour la suppression des tarifs sociaux dans les transports franciliens pour les étrangers en situation irrégulière.
Si elle est élue, Valérie Pécresse assure qu'elle maintiendra "le passe Navigo à 70 euros sans augmentation d'impôt", expliquait-elle, alors qu'elle s'était longtemps prononcée contre cette mesure, en critiquant le coût.
Pour le financer, "nous allons mettre fin à une source d'injustice extrêmement grave qui est la réduction de 75% pour les étrangers en situation irrégulière et leurs familles", attribuée aux bénéficiaires de l'Aide médicale d'Etat, ajoutait-elle.