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Le grand débat lancé par Emmanuel Macron peut-il éclipser les gilets jaunes?

Image d'illustration - Des manifestants e gilets jaunes lors de la venue du Président de la République dans le Nord Emmanuel Macron le 9 novembre. - Philippe HUGUEN / AFP

Image d'illustration - Des manifestants e gilets jaunes lors de la venue du Président de la République dans le Nord Emmanuel Macron le 9 novembre. - Philippe HUGUEN / AFP - -

Avec le grand débat national lancé mardi par Emmanuel Macron dans l'Eure, l'exécutif souhaite contrer et occulter le 10e samedi de mobilisation des gilets jaunes. Dans le cadre du débat, 269 rendez-vous sont déjà prévus dans toute la France.

Alors que s'amorce le dixième samedi de mobilisation des gilets jaunes, le gouvernement mise sur le grand débat national pour reprendre la main. L'exécutif espère ainsi, grâce à cette série d'événements, occulter le mouvement social qui dure depuis maintenant deux mois.

"Il faut des réunions partout sur le territoire, et qu'on ne parle que de cela dans les journaux", a confié un visiteur régulier d'Emmanuel Macron au Parisien.

Emmanuel Macron à Souillac vendredi

Ce week-end, le gouvernement a programmé pas moins de 269 réunions partout en France, comme le montre le site du grand débat national. Sur la plateforme en ligne du grand débat, le planning des réunions s'enrichit d'heure en heure.

Le site indique que sont appelés à venir discuter vendredi des "solutions pour augmenter son pouvoir d'achat" à Strasbourg, tandis qu'un "café-débat citoyen" s'organise samedi à Marseille. Emmanuel Macron sera quant à lui à Souillac dans le Lot pour un deuxième grand oral vendredi, après ses 7 heures de marathon face aux maires de l'Eure.

L'avantage du grand débat est d'impliquer les petites villes, particulièrement touchées par le mouvement des gilets jaunes, dans le processus. Dès que celui-ci a été lancé, les élus ont insisté sur le fait qu'ils avaient "des choses à dire", comme l'avait dit Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France. 

Capture d'écran du site Grand débat national créé par le gouvernement.
Capture d'écran du site Grand débat national créé par le gouvernement. © -

Une contre-programmation médiatique

Pour la majorité gouvernementale, la performance présidentielle de mardi à Grand-Bourgtheroulde augure un tournant du quinquennat. Emmanuel Macron reprend de la vigueur, en témoignent les récents sondages. En un mois, selon un sondage Ifop, le chef de l'État a vu sa cote de popularité reprendre 5 points et atteindre 28%, soit son taux de popularité d'avant-crise des gilets jaunes.

La stratégie, comme le confiait un macroniste historique au Figaro, est de déplacer l'attention médiatique focalisée ces deux derniers mois sur les gilets jaunes, en direction du grand débat.

"Désormais, chaque week-end, l'attention médiatique ne portera plus seulement sur les gilets jaunes, mais sur la question de savoir qui va participer ou non au grand débat. Ça déplace le sujet", confiait-il à nos confrères.

Le divorce Drouet/Ludosky est passé par là

D'autant que du côté des gilets jaunes, l'approbation commence à se tasser. Un sondage Elabe pour BFMTV faisait état le 9 janvier d'une légère baisse du soutien des Français au mouvement, avec 60% d'approbation générale mais 31% seulement pour la partie "soutien". Dans une nouvelle étude parue le 15 janvier, ils sont 36% à "soutenir" les gilets jaunes. Quant au dixième samedi de mobilisation, plusieurs invitations à manifester samedi ont déjà été créées sur Facebook, mais seule une manifestation a pour l'instant été déclarée en préfecture, contre quatre la semaine dernière le même jour. Un groupe de gilets jaunes a cependant rendez-vous à la préfecture vendredi afin de signer une deuxième déclaration de manifestation, prévue près des Champs-Elysées. 

Depuis les annonces gouvernementales et le lancement du grand débat, certaines figures emblématiques du mouvement appellent au dialogue et à la modération. Priscillia Ludosky par exemple, qui a acté sa prise de distance avec Éric Drouet lundi sur les réseaux sociaux, se distingue de son ancien acolyte par une ligne plus modérée. Elle a estimé jeudi sur notre antenne, après son audition par le Conseil économique, social et environnemental, qu'"une étape a été franchie dans le dialogue et l’écoute des citoyens".

Jeanne Bulant