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Le fiasco du nouveau Vélib' pourrait nuire à Anne Hidalgo

Le Velib' version Smovengo.

Le Velib' version Smovengo. - GUILLAUME SOUVANT / AFP

La gestion de la nouvelle version du Vélib’, dont l’installation a pris beaucoup de retard dans la capitale, peut devenir un sujet très encombrant pour la majorité d’Anne Hidalgo.

"La seule façon de ne pas avoir de problème avec Vélib', c’est de renoncer à l’utiliser". "C’est la merde". "Le service court au désastre". "C’est un flop complet cette nouvelle version". Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux reçoivent la colère et l’incompréhension des usagers du Vélib’ sous le hashtag #Velibgate. La nouvelle version du vélo en libre-service, développée par le consortium Smovengo, qui a chipé le marché à JC Decaux, subit des retards importants et des pépins techniques à répétition.

Alors que 600 stations auraient dû ouvrir au 1er janvier, il n’y en avait qu’un peu plus de 220 lundi. Dans ces conditions, difficile d’imaginer que l’objectif de 1000 stations ouvertes au 31 mars, fixé à l’origine à 1400, soit atteint. Devant ce désastre, Autolib’ Vélib’ Metropole, le syndicat mixte qui gère les transports en libre-service, a annoncé que les usagers pourraient se faire rembourser pour le mois de janvier.

Mercredi, le Conseil de Paris a étendu la mesure pour février, voire mars, si la moitié des stations n'étaient pas ouvertes. Pour son retard, Smovengo, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, s’est aussi vu infliger une amende d’un million d’euros pour janvier, et potentiellement un autre million pour février. Son directeur général affirmait au Figaro lundi que "les 1400 stations de Velib' (seraient) installées comme prévu au printemps".

"Les usagers du Vélib' sont aussi des électeurs"

"Ne pas faire payer pour un service inexistant, c’est la moindre des choses", souffle Simon Labouret. Le porte-parole de l’association "Paris en Selle" dénonce aujourd’hui "un accident industriel".

"Le premier responsable, c’est Smovengo. On a l’impression qu’ils se sont présentés avec un produit qui était en fait une version bêta. Mais là où on peut estimer qu’il y a un peu de responsabilité du politique, c’est sur l’absence de planification de la transition. On a l’impression que le syndicat Autolib’ Vélib’ s’est réveillé en décembre alors que tous les signaux étaient au rouge de la part des usagers. Les politiques ne peuvent pas non plus complètement se laver les mains, et se réveiller quand le problème est là". Et Simon Labouret de prévenir: "Les usagers du Velib' sont aussi des électeurs".

"C’était un des arguments de fond de la majorité, et ils ont réussi à planter Vélib’", estime Eric Azière, président du groupe UDI-Modem au Conseil de Paris. Selon lui, dans ce dossier, "la première responsabilité c’est celle de la ville de Paris". "Dans le cahier des charges, il aurait fallu que la transition soit parfaitement maîtrisée. Alors que JC Decaux avait défriché le système, on allait passer tout ça à la trappe pour prendre une société providentielle qui arriverait avec une expérience extrêmement limitée? (…) Je trouve que la future campagne municipale s’ouvre avec des aspects intéressants".

"Ce n’est pas toujours Fantasia"

"On est dans un dossier qui montre au grand jour une façon de fonctionner à la mairie de Paris", enchaîne Julie Boillot, élue du groupe LR au Conseil de Paris. "On arrive à la limite de l'exercice de la maire de Paris. Ce n’est pas toujours Fantasia: ce n’est pas parce que vous faites des formules magiques que ça fonctionne". Si elle reconnaît "un ratage industriel de la part de Smovengo", elle souhaite désormais que les élus en charge du dossier réagissent. Mercredi, le groupe LR s'est félicité du fait que "la priorité soit désormais donnée à l'ouverture des stations situées à proximité des grands nœuds de communication". "On ne peut pas les laisser choisir où il faut mettre les stations", argumente Julie Boillot.

Au Figaro, Christophe Najdovski, adjoint écologiste chargé des transports, assurait avoir "passé le message à Smovengo". Pour David Belliard, président du groupe écologiste au Conseil de Paris, "on a évidemment une part de responsabilité puisqu’on est acheteur", mais "les critiques sont sans doute instrumentalisées politiquement. Je ne crois pas, quand on est élu de la majorité ou de l’opposition, qu’on puisse se satisfaire d’une situation problématique". Selon lui, le premier responsable reste Smovengo et son manque de communication. "On est aussi dans un cadre très contraint d’appel d’offre. Celui-ci ne permettait pas de faire une baisse progressive des vélos Decaux et une augmentation progressive des vélos Smovengo", regrette-t-il. En attendant de retrouver un service fonctionnel, "personne n’a quelque chose à gagner sur les difficultés de Vélib’".

Antoine Maes