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"Même Meloni ne fait pas ça": Gabriel Attal lâché par une partie de ses troupes après sa proposition sur le voile

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L'ancien Premier ministre, en réponse au rapport sur l'"entrisme" des Frères musulmans, a proposé d'interdire le voile aux mineures âgées de moins de 15 ans.

Une mesure qui ne fait pas consensus. Alors qu'Emmanuel Macron a demandé hier au gouvernement de formuler des propositions pour répondre à la "gravité des faits" exposés dans le rapport sur l'"entrisme" des Frères musulmans, un ancien Premier ministre a déjà partagé ses premières idées.

Gabriel Attal va en effet proposer la semaine prochaine l'interdiction du port du voile pour les mineures de moins de 15 ans dans l'espace public. Une pratique qui "porte gravement atteinte à l’égalité hommes-femmes et à la protection de l’enfance", selon son entourage.

"C'est affligeant", déplore un ancien ministre. "Ils disent qu'ils n'ont pas regardé si c'était constitutionnel. Ça tombe bien ça ne l'est pas". "Rien ne va. Ce n'est pas travaillé. Je pense que le président dira quelque chose", poursuit cette même source. "Curieux de savoir ce qui dira Bruno Retailleau. A priori il n'est pas pour. Il a un électorat catho et il bosse un peu, il a une cohérence que n'a pas Gabriel Attal",

"On est devenu le seul pays d'Europe à envahir le discours public de ces questions. Même Meloni (la présidente du Conseil italien, NDLR) ne fait pas ça", déplore-t-il encore.

L'entourage de Gabriel Attal affirme cependant à BFMTV que le Conseil constitutionnel ne retoquera pas cette mesure: "On avait dit la même chose sur l’interdiction des signes ostentatoires à l’école. La même chose pour le port de la burqa sur la voie publique. La même chose sur le port de l’abaya à l’école… Et à chaque fois, on y parvient (...). La voie de passage constitutionnelle, c’est la protection de l'enfance et des mineurs."

"Il essaie de faire du Retailleau mais ça ne fonctionne pas"

Une ancienne membre du gouvernement, proche du président de la République, est tout aussi critique à l'encontre de Gabriel Attal.

"L'abaya ça a marché parce que c'était l'école", explique-t-elle, en référence à la circulaire de l'ancien ministre de l'Éducation contre le port de l'abaya à l'école. "Il a cru qu'il pouvait recommencer."

"Mais le voile, le Conseil constitutionnel va le retoquer c'est une évidence", poursuit l'ex-ministre. "Attal voit qu'il baisse, qu'il n'arrive pas à décoller. Donc il essaie de faire du Retailleau mais ça ne fonctionne pas."

Selon une nouvelle enquête "Opinion en direct" menée par l'institut Elabe pour BFMTV, le maire du Havre est cité en premier auprès des sympathisants de la droite et du centre pour incarner une candidature commune en 2027, devant Bruno Retailleau. Gabriel Attal, lui, est la troisième personnalité politique citée.

Un conseiller gouvernemental se montre plus ironique sur cette proposition qui tombe le jour même de la présentation du rapport des Frères musulmans en Conseil de défense: "je ne sais pas bien si ça règle le sujet de l’entrisme…"

La publication prématurée du rapport a suscité la colère d'Emmanuel Macron, "pas du tout content des fuites". "L'ambiance était pesante, lourde", selon ce participant qui précise que le chef de l'État "a trouvé que la réunion n'avait pas été assez préparée par les ministres".

Gabriel Attal veut interdire le voile dans l’espace public pour les moins de 15 ans
Gabriel Attal veut interdire le voile dans l’espace public pour les moins de 15 ans
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"On ne l'attend pas sur ce sujet"

Pour un cadre de la macronie, le président de la République met Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Gabriel Attal "dans le même panier". 

"Cela fait huit ans que le président est là, il sait ce qui relève de la communication et ce qui relève de l'intérêt de la Nation. Les fuites sur le rapport, l'annonce d'une prison en Guyane, ou la proposition d'Attal sur le voile ne relèvent pas de l'intérêt de l'État", ajoute-t-il.

"Il (Gabriel Attal, NDLR) ne sera jamais plus à droite que Bruno Retailleau ou qu'Édouard Philippe", glisse une députée du bloc central. "Attal, on ne l’attend pas sur le sujet du voile."

Un sujet "pas simple" pour cette parlementaire qui "ne se réglera pas par l'interdiction du voile pour les moins de 15 ans (...) On va demander de carte d’identité aux jeunes filles voilées dans la rue?"

Mathieu Coache et Hugo Capelli avec Hugues Garnier