Élisabeth Borne "n'a pas compris pourquoi Emmanuel Macron" l'a "remplacée" à Matignon

Élisabeth Borne et Emmanuel Macron le 11 novembre 2023 - Ludovic MARIN / POOL / AFP
Une rétrospective tournée vers l'avenir. L'exercice est réalisé par Élisabeth Borne. Son livre, sous forme de bilan de Première ministre à défendre, "Vingt mois à Matignon", sortira le 23 octobre prochain... en pleine campagne pour la présidence de Renaissance à laquelle elle candidate.
Dans une interview accordée au Point ce mercredi 16 octobre, celle qui était redevenue députée du Calvados, avant de se faire à nouveau élire lors des législatives anticipées, distille quelques éléments. Son départ, le 9 janvier 2024, décidé par Emmanuel Macron? L'intéressée ne l'a "pas forcément compris".
"Madame 49.3"? "Une représentation caricaturale"
"Je venais de rattraper un texte mal engagé et j'avais envie de continuer en portant des sujets qui me tenaient à cœur, comme la transition écologique ou l'égalité des chances", se défend-elle. Avant de résumer sa relation avec le président de la République: "Il ne fait pas de doute que nous n'avons pas le même caractère, le même vécu."
À l'entendre, il y aurait surtout un "sujet sur les institutions". Elle regrette un "certain nombre de réformes" "venues brouiller les rôles respectifs du président et du Premier ministre."
Dans son viseur notamment: celle du septennat, transformé en quinquennat sous la présidence de Jacques Chirac. L'élection présidentielle étant désormais directement suivi pas les élections législatives, "cela fait qu'on attend tout du président, qui pense en retour qu'on lui fera forcément le reproche de tout ce qui ne fonctionne pas", met-elle en avant.
Alors que son passage à Matignon lui est parfois résumé par un surnom peu flatteur - "madame 49.3" - Élisabeth Borne, qui était confrontée à une majorité relative, dénonce une "représentation caricaturale et mensongère".
"D'autant que la plupart des textes ont été votés en construisant des majorités", ajoute-t-elle, préférant retenir les "compromis" bâtis avec les différents parlementaires. Et régler ses comptes avec ceux qui "peuvent passer plus de temps dans les médias, à vous mettre des bâtons dans les roues plutôt qu'à agir."
Confrontation avec Gabriel Attal
Si elle parle du passé, Élisabeth Borne n'oublie pas l'avenir ou plutôt le congrès de Renaissance, prévu les 23 et 24 novembre prochains. Certes son très probable adversaire, Gabriel Attal, n'a pas encore officialisé sa candidature. Mais le terrain est déjà préparé pour l'ex-Premier ministre, devenu chef des députés Ensemble pour la République. Deux tiers des présidents départementaux du parti présidentiel ont pris position en sa faveur dans une tribune publiée début octobre.
En face, Élisabeth Borne installe déjà le match. L'outsider raconte son parcours, celui d'une "promesse républicaine" accomplie par une pupille de la nation devenue "préfète, puis dirigeante d'une grande entreprise (la RATP, NDLR), ministre puis Première ministre". "Tout ça me donne une connaissance du pays, pas de quelques arrondissements parisiens", dit-elle dans une pique à Gabriel Attal.
Face à une classe politique "machiste", "il est justement important que notre famille politique reflète la diversité des Français", glisse encore Élisabeth Borne qui poursuit la comparaison avec son successeur à Matignon: "La France est faite d'hommes et de femmes; de gens jeunes, dynamiques et brillants, de gens plus mûrs, expérimentés. De gens qui vivent en Île-de-France, de gens qui vivent dans les territoires ruraux." Le message est passé.