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La France Insoumise

Violences après la victoire du PSG: La France insoumise réclame une commission d'enquête

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Le député Éric Coquerel espère le lancement d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur la gestion du maintien de l'ordre samedi dernier, marquée par de nombreuses violences après le sacre du club parisien en Ligue des champions. Reste à convaincre un autre groupe politique de porter cette proposition, LFI ne pouvant pas le faire.

Après le sacre, la polémique. La victoire du PSG ce samedi soir en finale de la Ligue des champions a été marquée par de nombreux incidents et la mort d'une personne à Paris, entraînant de vives critiques de la part du Rassemblement national et de La France insoumise.

"Nos voisins y parviennent et pas nous"

Le président insoumis de la Commission des finances Éric Coquerel a annoncé ce mardi matin lors d'une conférence de presse demander la création d'une commission d'enquête sur "la gestion de la sécurité publique après le match PSG-Inter Milan".

"Il est quand même assez étonnant que le droit de manifester en France ou le droit d'exprimer une fête populaire de liesse ne puisse pas se passer de manière correcte et dans la tranquilité pour les participants", a remarqué le député de Seine-Saint-Denis.

"Quand en plus, 95% des participants, je dis ça à la louche, sont venus avec des intentions pacifiques, on peut vraiment se demander pourquoi parce que nos voisins y parviennent et pas nous", a encore insisté Éric Coquerel.

563 interpellations, un dispositif policier "à la hauteur"

Au cours de la soirée, émaillée de très nombreux incidents et de violences, majoritairement dans la capitale, 22 membres des forces de l'ordre ont été blessés, dont 18 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. Il y a eu 563 interpellations dont 491 à Paris, qui ont conduit à 307 gardes à vue, selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

À Grenoble, quatre personnes d'une même famille ont été blessées, dont deux grièvement, après qu'une voiture a heurté la foule. À Coutances (Manche), un policier a été placé en coma artificiel et transporté à l'hôpital de Caen. L'enquête devra déterminer si le tir était accidentel ou intentionnel.

Des comparutions immédiates ont eu lieu ce lundi soir, entraînant plusieurs condamnations. Mais dans le rang du gouvernement, on réfute toute faille dans le dispositif de sécurité.

Le locataire de la place Beauvau a jugé dimanche que le dispositif sécuritaire avait été "à la hauteur". Quant au préfet de police de Paris Laurent Nunez, il a estimé dans un premier temps que le maintien de l'ordre n'avait été "ni une réussite ni un échec".

Invité de BFMTV lundi, il a défendu les mesures prises en place avec le déploiement de 5.400 policiers dans tout l'Hexagone tout en concédant "une forme d'échec" sur les pillages qui ont eu lieu sur les Champs-Élysées.

Une commission d'enquête après le fiasco du Stade de France en 2022

La polémique rappelle celle qui avait eu lieu avec le fiasco de la finale de la Ligue des champions à Paris en mai 2022 et après laquelle une commission d'enquête avait été lancée. Attente interminable, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes par la police ou victimes de vols... Le dispositif de maintien de l'ordre par la police, avait donné lieu à des scènes de chaos à Saint-Denis, provoquant une vive polémique en France et en Angleterre.

À l'époque, Gérald Darmanin avait nié toute responsabilité et accusé "30.000 à 40.000 supporters anglais" d'avoir tenté de rentrer dans le Stade de France, soit sans billet, soit avec des billets falsifiés, créant la confusion et la panique. Devant les sénateurs qui avaient lancé une commission d'enquête, le ministre de l'Intérieur avait jugé que les effectifs des forces de l'ordre avaient été suffisants, concédant cependant du bout des lèvres l'emploi "parfois disproportionné des gaz lacrymogènes" notamment sur des enfants.

Les conclusions du travail des sénateurs n'avaient pourtant pas été tendres avec lui. La chambre haute avait notamment accusé Gérald Darmanin d'avoir cherché à minimiser l’insuffisance des autorités, sans remettre en cause l’efficacité et la souplesse du dispositif policier déployé "face à la multiplication d’événements non anticipés".

Convaincre un groupe politique de se lancer

Trois ans plus tard, Gérald Darmanin qui a quitté son poste à l'Intérieur en septembre dernier pour devenir garde des Sceaux en décembre, a finalement présenté "ses excuses" das une interview diffusée par la chaîne YouTube Legend.

"C’était un échec parce que j’avais pas bien prévu, et j’ai péché par idée reçue" sur la question des "hooligans" anglais, a-t-il finalement reconnu.

Mais la commission d'enquête demandée par La France insoumise aura-t-elle l'occasion d'auditionner Bruno Retailleau sur le maintien de l'ordre après la victoire du PSG?

Il faudra en tout cas que d'autres groupes politiques s'emparent du sujet. Les insoumis ont épuisé ce qu'on appelle leur droit de tirage, qui leur permet une fois par session parlementaire d'obtenir la création d'une commission d'enquête. Ils ont en effet commission d'enquête avec celle sur les violences scolaires et Bétharram lancée en mars dernier.

Marie-Pierre Bourgeois