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Bétharram: Spillebout-Vannier, le duo improbable qui œuvre en bonne entente à la tête de la commission d'enquête

Les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance) au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram le 18 mars 2025

Les députés Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance) au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram le 18 mars 2025 - Gaizka IROZ / AFP

Le député LFI et sa collègue de Renaissance sont les co-rapporteurs de la commission d'enquête qui va interroger François Bayrou ce mercredi 14 mai sur l'affaire des violences physiques et sexuelles au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram.

Paul Vannier et Violette Spillebout? Ils ne partiront pas en vacances ensemble, l'un est député de La France insoumise (LFI), l'autre de Renaissance et les deux sont des comtempteurs réguliers du camp adverse. Cependant, ils travaillent mutuellement, chacun étant co-rapporteur de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires qui doit auditionner François Bayrou ce mercredi 14 mai, avec en toile de fond le scandale de Bétharram.

Le tout donne un duo improbable, appelé à œuvrer conjointement sur un sujet hautement inflammable. Si des binômes Renaissance-LFI ont déjà travaillé cordialement, cette collaboration n'avait rien d'évident sur le papier.

Paul Vannier, 39 ans, n'a pas de mots assez durs pour la macronie, coupable selon lui d'avoir "achevé sa mue en une droite conservatrice, ouverte aux idées lepénistes." Violette Spillebout, 52 ans, lui rend bien. Cette proche de Gérald Darmanin a accusé par le passé le mouvement de gauche radicale de "bafouer les valeurs de notre République".

Pour autant, les deux parlementaires font état d'une véritable entente, sur le terrain comme en audition, jusqu'à prévoir une future proposition de loi commune. "Aussi sincèrement que moi elle veut empêcher un autre Bétharram", a déclaré Paul Vannier à l'AFP, tandis que sa collègue a expliqué: "Il y a une réelle confiance, sans naïveté".

Vannier, spécialiste de l'éducation et stratège insoumis

Le premier, fils d'un père syndicaliste FO chez EDF et d'une mère professeure de musique à l'école élémentaire se renvendique sans ambages du "mélenchonisme". Aussi bien sur le fond que sur la stratégie. Entré en politique au Parti de gauche en 2008, il a ensuite rejoint LFI et contribué au programme éducation.

Paul Vannier s'est également forgé une réputation de rude négociateur lors des créations de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale en 2022 et du Nouveau Front populaire en 2024.

"Vannier est bon. Il faut se méfier de ce personnage très intelligent et qui connaît très bien son dossier", estime un cadre macroniste auprès de l'AFP. Sur la commission d'enquête "il est sérieux, appliqué, pugnace", reconnaît le député PS Emmanuel Grégoire.

D'ex-membres LFI sont plus acerbes, jugeant l'insoumis brutal, ou l'accusant d'avoir menacé de ne pas réinvestir des députés trop bavards dans la presse, ce que nie fermement Paul Vannier. "Ça n'est jamais arrivé", martèle-t-il, arguant que les décisions d'investiture sont toujours prises collégialement.

Certains macronistes l'accusent de vouloir instrumentaliser la commission d'enquête pour "faire tomber François Bayrou". "Ceux qui se hasardent à ces propos participent à un climat d'omerta que j'assume de combattre", rétorque le député, soulignant que la commission ne se cantonne pas à Bétharram.

Elle est en revanche indéniablement une occasion pour LFI :"on montre qu'on est sérieux sur le fond", observe le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, saluant un travail "en bonne intelligence", avec Violette Spillebout.

Spillebout, députée du Nord "élevée dans un milieu de profs"

Ingénieure en santé publique, cette dernière a travaillé plus de 15 ans à la mairie de Lille, auprès de Pierre Mauroy puis de Martine Aubry, qu'elle a quitté sur de "profonds désaccords" en 2013.

Passée par plusieurs postes de direction à la SNCF, elle poursuit sa carrière politique en macronie, notamment à l'Assemblée en 2022 puis 2024. Fille d'un professeur de l'Institut supérieur d'Agronomie de Lille et d'une professeure de français, elle a notamment travaillé sur le statut de l'élu, la presse ou l'éducation aux médias.

"J'ai été élevée dans un milieu de profs. Quand j'étais adolescente je disais toujours : 'jamais je ne serai prof', mais au final j'ai toujours été attirée par ces sujets", rembobine la députée, un temps pressenti au ministère de l'Education.

"C'est quelqu’un de carré, de solide", salue une ministre macroniste, interrogé par l'AFP, alors qu'un cadre du gouvernemental se veut plus critique. "Elle parle beaucoup, elle est frustrée de n'avoir pas pu entrer au gouvernement."

L'élue explique s'être intéressée aux violences à l'école après une rencontre en circonscription.

"Un monsieur m'a confié qu'il était l'une des victimes du village de Riaumont (communauté catholique traditionaliste au cœur de plusieurs enquêtes) et qu'il avait réussi à s'enfuir. J'ai donc commencé à m'intéresser au sujet", explique-t-elle.

Et celle qui tentera à nouveau de prendre la mairie de Lille en 2026 de défendre les retours du terrain : "dans ma circonscription (la commission d'enquête) est l'une des premières choses dont les gens me parlent. Ils disent 'bravo, vous avez réussi à mettre vos différences de côté pour un sujet aussi important'".

B.F avec AFP