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Affaire Bétharram: comment François Bayrou s'est préparé pour son audition devant la commission d'enquête

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Le chef du gouvernement sera entendu ce mercredi 14 mai par la commission d'enquête parlementaire ouverte après les révélations sur les faits de violences survenus au sein de l'établissement scolaire Notre-Dame-de-Bétharram. Le Premier ministre nie avoir été au courant de ces violences.

Pas de place à l'improvisation. Le Premier ministre François Bayrou va devoir livrer, ce mercredi 14 mai à l'Assemblée nationale, sa vérité sur le scandale qui touche Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques). L'établissement catholique du Béarn a été le théâtre de décennies de violences physiques et sexuelles, de déni, alors que plus d’une centaine de plaintes ont été déposées.

Une audition sous serment et préparée avec "sérieux"

Cette audition prévue demain à 17 heures, François Bayrou s'y prépare à Matignon depuis plusieurs jours, entouré de trois proches. Des entraînements qui ont trouvé une place dans son agenda pour être en mesure de répondre à toutes les attaques le jour J.

"On doit être sérieux, apporter nos éléments comme on l'a fait pour l'affaire des assistants parlementaires du Modem, et surtout il faut que Bayrou ne s'énerve pas", confie l'un des compagnons de route du Premier ministre.

Le Premier ministre était-il au courant des violences commises à Bétharram? A-t-il menti à la représentation nationale, ce dont l'accusent des députés? Lui, figure politique du département où l'institution se situe, actuel maire de Pau et ancien ministre de l'Éducation nationale entre 1993 et 1997, s'exprimera sous serment.

Depuis plusieurs mois déjà, François Bayrou assure n'avoir reçu aucune information à l'époque et "récuse" tout mensonge. Mais avant l'audition par la commission d'enquête parlementaire, son entourage a la main qui tremble: "Il est habitué aux enjeux politiques, mais l'enjeu personnel et familial rend l'exercice plus incertain".

Une épreuve personnelle

Ses propres enfants ont en effet été scolarisés dans l'établissement, et sa femme y a enseigné le catéchisme. "Comme ça le touche, il a voulu tout expliquer et il a très mal expliqué", juge un ministre qui a assisté à ses prises de paroles sur le sujet aux premières loges à l'Assemblée Nationale. "On a vu qu'il pouvait se prendre les pieds dans le tapis", ajoute une ancienne figure politique.

L'affaire secoue celui qui est locataire de Matignon depuis près de cinq mois. Dernier épisode en date: Hélène Perlant, sa fille, a avoué avoir été victime de violence dans le cadre d'une colonie de vacances organisée par la congrégation de Bétharram, ce que François Bayrou aurait découvert en lisant son témoignage dans Paris-Match.

Mais Hélène Parlant a aussi pris sa défense sur BFMTV. Assurant que son père ignorait les événements qui ont pu se produire à Bétharram, "comme d'autres". Depuis, le Premier ministre le plus impopulaire de la Ve République a reçu des victimes de l'établissement le 30 avril dernier à Matignon, après en avoir déjà rencontré à Pau en février. Il espère désormais que l'attention se portera davantage sur ces victimes plutôt que sur son propre sort.

"Un moment décisif"

Les deux co-rapporteurs de la commission d'enquête, Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (La France insoumise), prévoient de rendre leurs conclusions fin juin. Ils ont auditionné témoins, victimes et anciens ministres. Le député insoumis a déjà interrogé François Bayrou à plusieurs reprises lors des questions aux gouvernement.

C'est dans l'hémicycle que François Bayrou a multiplié des contradictions, sur sa connaissance des violences dénoncées aujourd'hui, sur son intervention présumée auprès du procureur général de Pau, et sa rencontre avec le juge Mirande. "Il a choisi jusque-là le mensonge, le déni, ça sera un moment décisif", estime Paul Vannier.

Les indiscrets : Bétharram, Bayrou face à la commission d'enquête - 13/05
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Une mise sous pression qui n'affecte pas le Premier ministre. "Nous on n'a rien caché. Les députés à l'origine de la commission, eux, ont cherché à chasser le Bayrou et n'ont pas été à la hauteur des enjeux", commente un ami de longue date de François Bayrou.

Le 14 mai peut-il se transformer en journée calvaire? "On espère qu'il a bien préparé sa défense car cette affaire peut le faire tomber", tranche un chef de parti politique du bloc central. Au gouvernement, cette date est dans tous les esprits, et même si "l'homme est habile, il sait naviguer en haute mer" analyse une ministre, une autre craint que "sous la pression, il dérape".

Le service politique de BFMTV