Affaire Quatennens, Bompard à la tête du parti: inquiétudes chez LFI avant le meeting de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon lors de son discours à la fête de l'Humanité à La Base 217 à Bretigny-sur-Orge dans l'Essonne le 10 septembre 2022 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Un raout stéphanois qui tombe plutôt mal. Jean-Luc Mélenchon sera en meeting ce vendredi soir à Saint-Étienne pour mettre le cap sur la mobilisation contre les retraites en janvier prochain. Mais c'est bien sur l'arrivée de Manuel Bompard à la tête de La France insoumise et le retour d'Adrien Quatennens dans quelques semaines à l'Assemblée nationale que l'ancien candidat à la présidentielle attendu.
"Il vient parler de l'allongement de l'âge de départ à la retraite. Après, il peut nous parler des implications spatiales de nos propositions pendant un discours sur l'emploi de 30 minutes", prévient le député La France insoumise Hadrien Clouet auprès de BFMTV.com.
"Ne pas remettre de pièce dans la machine" de l'affaire Quatennens
Avant d'ajouter: "personne n'écrit son propos". Certains espèrent pourtant bien que l'ex candidat à la présidentielle reste sur sa feuille de route alors que le mouvement traverse sa pire crise depuis son lancement en 2017.
À commencer par l'affaire Adrien Quatennens. Le député du Nord, condamné ce mardi à 4 mois de prison avec sursis pour violences conjugales, avait reçu un soutien appuyé de Jean-Luc Mélenchon en septembre dernier, saluant son "courage" et la "dignité".
Au grand dam de plusieurs députés de La France insoumise comme Pascale Martin ou Clémentine Autain. "Ce sont ses mots, pas les miens", avait par exemple déclaré l'élue de Seine-Saint-Denis. De quoi susciter l'étonnement dans un mouvement qui n'a pas l'habitude de critiquer son fondateur.
"J'aimerais bien qu'il nous dise que son expression a peut-être été un peu maladroite. Mais je n'y crois pas vraiment et d'une certaine façon, ce serait remettre une pièce dans la machine", soupire un collaborateur du groupe.
La crainte d'un happening féministe
Cette option est d'autant moins probable que Jean-Luc Mélenchon avait assuré quelques jours après sa sortie "peser (ses) mots tout le temps" au micro de BFMTV.
Alors que le mouvement a décidé de radier Adrien Quatennens du groupe jusqu'en avril prochain dans la foulée de sa condamnation, le député a bien prévenu de revenir en janvier prochain en tant que non-inscrit, après s'être longuement exprimé dans La Voix du Nord et sur BFMTV.
Il s'est notamment épanché sur ses relations avec sa femme. De quoi mettre mal à l'aise plusieurs députés qui l'accusent de s'être "victimisé", à l'instar de Manon Aubry.
Parmi les alliés de la Nupes, certains ne doutent pas que le député aurait consulté Jean-Luc Mélenchon pour prendre cette décision.
"Vous le voyez vraiment revenir dans l'hémicycle sans en parler avant avec lui? Moi, vraiment pas", tance une élue socialiste qui n'apprécie guère La France insoumise.
Preuve de l'embarras: certains craignent même un happening d'une association féministe à l'entrée du meeting ce soir.
"On préférerait presque qu'il fasse applaudir Bompard"
Dernier dossier chaud sur la table: la nouvelle direction du mouvement. La nomination prochaine de Manuel Bompard à la tête de la coordination de LFI samedi dernier a poussé plusieurs figures du mouvement, comme Clémentine Autain ou François Ruffin, à faire savoir leur mécontentement.
Au-delà de ces électrons libres qui ont tous les deux des ambitions pour la présidentielle, des proches de Jean-Luc Mélenchon ont également été écartés. Parmi ceux-ci, on compte plusieurs de ses intimes comme Alexis Corbière, Raquel Garrido ou Éric Corbière qui n'ont pas été prévenus. Autant dire que tout mot lancé à l'intention de ceux qui ont critiqué cette arrivée à la tête du parti sera vu comme un message.
"C'est drôle parce que c'est explosif mais ça ne passionne que nous-mêmes. Je préférerais presque qu'il fasse applaudir Manuel Bompard que de parler d'Adrien Quatennens", rit jaune un cadre du mouvement qui garde cependant l'espoir de tourner la page.
En avril dernier, Jean-Luc Mélenchon était arrivé largement en tête au second tour à Saint-Étienne, plus de 8 points devant Emmanuel Macron. De quoi y voir pour certains un présage de bon augure et espérer un meeting sans polémique.