Jean-Louis Debré: "Jacques Chirac pourrait aller mieux"

Jean-Louis Debré, jeudi matin sur BFMTV et RMC. - BFMTV
Invité jeudi matin sur BFMTV et RMC, Jean-Louis Debré explique son inimitié avec Nicolas Sarkozy: "Quand il était ministre, il n'a cessé de critiquer le président de la République, Jacques Chirac, pour préparer son élection. C'est quelque chose qui est inacceptable. J'adore cette phrase de Chevènement: 'Quand on est ministre, on ferme sa gueule ou on s'en va'. Quand on est ministre, on respecte ceux qui vous ont nommé. Je n'ai rien contre le personnage. Mais ce que je ne peux pas accepter, c'est que quand vous êtes au coeur de l'Etat, il doit y avoir une unité, et vous ne contestez pas votre chef".
Même chose pour Emmanuel Macron: "J'ai beaucoup d'estime pour lui, il dit des choses intéressantes, mais quand on est ministre, on ne va pas critiquer le président! Dans quel monde sommes-nous?" s'interroge Jean-Louis Debré.
"Sarkozy n'est pas un homme d'Etat"
Nicolas Sarkozy "n'est pas un homme d'Etat", renchérit-il. Lorsqu'il était président, Jean-Louis Debré affirme qu'il a essayé de le débarquer du Conseil constitutionnel: "Il a demandé à un professeur de droit comment on pouvait obliger le président du Conseil, tous les trois ans, à remettre en cause son mandat, parce que les décisions que nous rendions ne lui plaisaient pas. Il ne respectait pas les institutions".
"Quand nous annulons ses comptes de campagne (pour la présidentielle de 2012, Ndlr), c'est la loi qui nous le permet, et que je me fais injurier. Que me diriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas annulé les comptes de campagne, alors qu'un an après il y a eu le scandale de Bygmalion? On tuait le Conseil constitutionnel! Vous m'auriez invité pour dire 'Vous avez fait comme si vous n'aviez pas vu'. Si, nous avons vu et nous avons respecté la loi. Quand on est président de la République, on ne conteste pas les décisions d'une institution juridique".
La maladie de Chirac est "comme la mer qui monte"
L'ancien ministre se dit "très réservé" sur la primaires à droite, et ne "sait pas" s'il ira voter. Jean-Louis Debré montre toutefois beaucoup de respect pour Alain Juppé: "Même s'il a un caractère, j'ai toujours admiré son sens de l'Etat". Face à lui, il juge que Nicolas Sarkozy ne soutient pas la comparaison et voit une "profonde" différence: "Là j'ai deux modèles, deux conceptions du rôle de l'Etat. Il y en a un: on n'accepte pas ceux qui vous résistent. Et l'autre: on n'est pas content, mais on respecte".
Jean-Louis Debré revient sur l'état de santé de Jacques Chirac. "Ca pourrait aller mieux. Je l'ai vu il n'y a pas longtemps. Sa maladie me fait penser à la mer qui monte. Il y a des périodes étales, et puis elle reprend à monter mais elle ne descend jamais". Bien que très proche de l'ancien chef de l'Etat, il ne prétend pas bien le connaître: "C'est un homme qui ne s'est jamais livré, qui ne se livre pas. Il ne veut pas parler de lui, c'est son jardin secret".
François Hollande? "Il est insaisissable, son problème c'est un manque d'autorité. Mais j'ai eu des relations avec François Hollande (en tant que président du Conseil constitutionnel, Ndlr) apaisées par rapport à celles que j'avais eues avec Nicolas Sarkozy".