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"Humiliation", "déshonneur", "choc": les réactions de la presse internationale à la condamnation de Nicolas Sarkozy

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L'ancien chef de l'État, Nicolas Sarkozy, a été condamné, ce jeudi 25 septembre, à cinq ans de prison pour "association de malfaiteurs" - une décision historique dont la portée a eu un écho international.

Onde de choc dans le paysage politique français. Jeudi 25 septembre, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans de prison ferme pour "association de malfaiteurs", dans le cadre de l'affaire des soupçons de financements libyens de sa campagne.

Sa condamnation est assortie d'un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire, ce qui signifie que l'ex-président sera incarcéré dans les prochaines semaines - une première pour un ancien chef de l'État.

Quelques heures seulement après l'annonce du verdict, les médias internationaux n'ont pas tardé à réagir, évoquant pour certains un "moment historique" ou simplement un "choc pour la République".

"Malfaiteur", "poison"

Le visage de Nicolas Sarkozy s'affiche sur la une de tous les grands journaux. En Allemagne, le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung décrit l'ex-président comme "un poison pour la démocratie". Il a "sapé les principes républicains en s'attaquant aux juges" (...). Maintenant, le bling-bling, c'est fini".

La condamnation de Nicolas Sarkozy constitue pour d'autres "une défaite contre la justice", souligne le journal allemand conservateur Die Welt, malgré la "voix influente" de l'ancien locataire de l'Élysée "auprès de nombreux sympathisants de la droite".

De l'autre côté de l'Atlantique, la presse américaine n'est pas plus tendre. Le New York Times évoque le "coup le plus sévère porté à l’héritage de Nicolas Sarkozy". Il s'attarde enfin sur les mots du juge lors du procès d'hier: un "acte extrêmement grave", de nature à "saper la confiance des citoyens envers ceux qui les représentent".

Malgré tout, en fixant une peine de prison à exécution différée, la justice a "épargné" à Nicolas Sarkozy l’"humiliation d’être menoté et conduit par la police hors de la salle d’audience bondée", analyse le Washington Post. Désormais condamné, l'ex-chef de l'État sera convoqué le 13 octobre prochain par le parquet national financier pour connaître les modalités de son incarcération.

Dans les colonnes des journaux, le même adjectif revient: "malfaiteur", insiste le média suisse Blick, "c’est le mot qui fait mal". La condamnation de Nicolas Sarkozy consiste en une "accusation gravissime pour un responsable politique qui joue toujours le rôle de parrain de son camp, à savoir la droite traditionnelle".

Sur la réaction de Nicolas Sarkozy après l'annonce de sa sentence, une citation retient l'attention des quotidiens britanniques: "Je dormirai en prison, mais la tête haute. Je suis innocent", cite The Guardian qui évoque une "condamnation surprise" et "plus sévère que beaucoup ne le pensaient".

Une "première fois"

C'est en effet la "première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un ancien président est coupable de complot criminel avec un gouvernement étranger", note The Telegraph.

Le caractère inédit de la situation, c'est bien cela que mémorisent les journalistes étrangers - à l'instar d'El Mundo qui souligne que Nicolas Sarkozy sera le premier "président de la Ve République" à "terminer derrière les barreaux".

Le quotidien espagnol ne manque toutefois pas de rappeler que l'ex-président a déjà été condamné par le passé à un an d'emprisonnement ferme aménagé sous bracelet électronique dans l'affaire des écoutes. Nicolas Sarkozy s'était vu également retirer la Légion d’honneur en raison de sa condamnation - un "déshonneur” qu'il partage avec le "collaborationniste Philippe Pétain", se moque El Mundo.

De toutes les réactions, un geste a marqué la journée, celui de Carla Bruni à la sortie du tribunal. Entourée des journalistes, la femme de l'ex-président a arraché la bonnette du micro de Mediapart -qui avait révélé l'affaire des financements libyens en 2011, en lui consacrant pas moins de 160 articles au fil des années-, devenant la une du journal italien Corriere Della Sera qui titre sur "son geste de colère".

Orlane Edouard