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Retailleau salue le "combat" du collectif identitaire Némésis, son entourage assure qu"il ne sait pas exactement ce que c'est"

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le 13 janvier 2025 au Havre

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le 13 janvier 2025 au Havre - LOU BENOIST © 2019 AFP

Le ministre de l'Intérieur a salué ce 21 janvier le "combat" de la dirigeante du collectif Némésis, proche de la mouvance idenditaire. "Je ne pense pas que Bruno Retailleau sache exactement qui elle est", plaide son entourage auprès de BFMTV.com.

Quelques mots aimables, qui peuvent surprendre. Invité par le centre de réflexion sur la sécurité intérieure, un organe dirigé par l'avocat Thibaut de Montbrial, Bruno Retailleau a adressé un satisfecit à Alice Cordier, la dirigeante du collectif féministe identitaire Némésis, mardi 21 janvier à Paris.

"Némésis, je voudrais féliciter les jeunes dames que j'ai vues, voilà. Bravo pour votre combat, vous savez que j'en suis très proche", a lancé le ministre de l'Intérieur sur scène.

"Pécresse islamo-droitarde"

Ce mouvement, qui s'est lancé en 2019 dans la foulée de #MeToo, dénonce notamment "les violeurs étrangers" et répertorie les cas de violences sexuelles perpétrés par des personnes d'origine étrangère en France.

Fondée notamment par une ex-membre de La Cocarde étudiante, un syndicat étudiant proche du Rassemblement national, Némésis a fait des actions coup de poing sa signature.

En janvier 2022, en pleine campagne présidentielle, ses membres cherchent à pertuber le meeting de la candidate LR Valérie Pécresse, alors soutenue par Bruno Retailleau, en brandissant des banderoles clamant "Pécresse, islamo-droitarde".

"Pas sûr qu'il sache exactement ce qu'est Némésis"

Quelques mois plus tard, en pleine marche contre les violences sexuelles, elles tiennent des pancartes au ton ironique, se revendiquant d'être à la fois "féministe et islamiste", le tout en portant des niqabs.

Plusieurs plaintes ont été déposées à leur encontre, notamment par la maire de Lille Martine Aubry et la maire de Besançon Anne Vignot pour "incitation à la haine raciale" après le déploiement de banderoles hostiles à l'immigration. On pouvait par exemple y lire "Violeurs étrangers dehors" et "Libérez-nous de l'immigration".

"Je ne pense pas que le ministre connaisse la dirigeante de Nemesis, Alice Cordier, et je ne suis pas sûr qu'il sache exactement ce qu'est Nemesis. Il s'intéresse davantage à la DZ Mafia", ce cartel de narcotrafiquants de Marseille, banalise un proche de Bruno Retailleau auprès de BFMTV.com.

"Il répondait simplement à une question sur la dissolution du collectif La Jeune garde et sur les chiffres de l'antisémitisme. Quand il salue les combats d'Alice Cordier, il se référait à ce qu'elle venait de dire", avance encore l'entourage du ministre de l'Intérieur.

Une réponse sur le collectif antifasciste La jeune garde

Lors de sa réponse à Némésis, le locataire de la place Beauvau a annoncé que La Jeune garde antifasciste, un collectif d'extrême gauche, pourrait être "l'objet d'une possible dissolution".

"Nous avons reçu plusieurs signalements de préfets", indique encore le cabinet du ministre de l'Intérieur. La figure principale de ce mouvement est Raphaël Arnault, député LFI du Vaucluse. Bruno Retailleau a déjà croisé le fer avec lui sur les violences en Nouvelle-Calédonie en septembre 2024.

Ce n'est pas la première fois que le collectif Némésis apprécie s'afficher avec des ministres. En septembre 2023, Alice Cordier avait partagé un selfie avec Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, en pleine braderie de Lille.

Quelques mois plus tôt, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait été pris en photo tout sourire aux côtés d'une poignée de militantes de Némésis dont l'une avait brandi la carte du mouvement. Il dénoncera ensuite "une grossière manipulation".

Marie-Pierre Bourgeois