Réforme des retraites: Élisabeth Borne chahutée dans un supermarché en Eure-et-Loir

"Le 49.3, on n’en veut pas". Entre les rayons des couches bébé et des surgelés, plusieurs opposants à la réforme des retraites ont chahuté la visite d’Élisabeth Borne dans un supermarché d'Eure-et-Loir, où elle a pu cependant échanger avec des clients sur ce thème et celui de la vie chère.
Venue parler pouvoir d'achat dans l'Hyper U de Hanches, petite ville de 2600 habitants, la Première ministre a d'abord dû changer de porte pour entrer dans le magasin, où l'attendaient près des caisses quelques militants CGT.
"On voulait lui faire un comité d’accueil", explique le syndicaliste Fernand Carré.
"Si ce soir (la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, NDLR) ne va pas dans le sens des manifestants, on ne sait pas du tout comment ça va évoluer", prévient-il.
"Ça va se calmer"
Élisabeth Borne n'a donc pas pu saluer les caissières comme prévu mais s'est fait expliquer le panier anti-inflation par le président de l'enseigne Système U Dominique Schelcher. "C'est au prix coûtant" et "on prend sur nos marges", souligne ce dernier.
Mais en passant près du rayon jardinage, des opposants à la réforme des retraites se mettent à crier. "On ne veut pas des 64 ans madame Borne", ou encore, c'est de "la provocation".
Imperturbable, la Première ministre continue son chemin, jusqu'au rayon des couches pour bébé avec le dirigeant de Système U.
"49.3 on n’en veut pas", scande alors une femme avec un masque anti-Covid sur le visage, rapidement écartée par les services de sécurité.
Élisabeth Borne s'arrête près d'un caddie rempli de charbon de bois, tenu par un retraité qui trouve que "c'est très dur" la hausse des prix. "Ça va se calmer. On est très conscients de ces préoccupations", lui répond la cheffe du gouvernement, avant de lui souhaiter un "bon barbecue".
"Ma priorité, c'est d'apaiser"
"Ça fait plaisir de vous voir", sourit à son adresse une animatrice au rayon nettoyage, quand soudain des manifestants entonnent "on est là" avant d'être éloignés du cortège.
Parvenue au stand des fruits et légumes, la Première ministre se réjouit que les prix des produits des enseignes participantes au "trimestre anti-inflation", lancé début mars, aient baissé en moyenne de 5%.
C'est "fort possible que (la contestation, NDLR) se poursuive", admet la ministre déléguée au PME Olivia Grégoire, qui accompagne Élisabeth Borne. Mais souligne-t-elle, "sur cinq personnes qu’on a croisées, trois étaient contre et deux dames soutenaient la réforme. On n'est pas à 5-0 !".
Fragilisée depuis l'emploi du 49.3, Élisabeth Borne "mesure la colère" mais assure que cela "ne (l')empêche pas de (se) déplacer".
"C'est bien pour ça que ma priorité c'est d'apaiser et de répondre aux préoccupations très concrètes des Français" comme le pouvoir d'achat, plaide-t-elle, en annonçant que le Smic augmentera "d'un peu plus de 2%" au 1er mai.
La Première ministre se dit en outre désireuse "que des discussions puissent s’engager avec les organisations patronales et syndicales" sur "beaucoup de mesures prévues dans cette réforme". Et elle invite au passage les entreprises à "renégocier les grilles salariales" après une inflation en mars un peu plus forte qu'envisagée.
En partant, Élisabeth Borne croise Annie, 23 ans, en recherche d'emploi, qui lui dit qu'elle n'est "pas d'accord avec les 64 ans" et s'inquiète pour l'avenir de sa fille de huit mois, dans un landau.
"Si on veut demain (...) des retraites, il faut travailler un peu plus longtemps", lui répond la Première ministre. Mais avant "il faut qu’on vous aide à trouver un job".