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"Qu'il se débrouille maintenant" avec Bétharram: la fille de François Bayrou l'appelle à ne pas être "sur le mode défensif"

Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, lors de l'émission "À l’air libre" diffusée sur la chaîne You Tube de Mediapart jeudi 24 avril 2025

Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, lors de l'émission "À l’air libre" diffusée sur la chaîne You Tube de Mediapart jeudi 24 avril 2025 - BFMTV

Hélène Perlant, la fille aînée du Premier ministre qui est auditionné par une commission d'enquête ce mercredi à 17h, juge que son père a "les épaules" pour comprendre "le système pervers" mis en place à Bétharram.

Un témoignage très symbolique à quelques heures de l'audition de François Bayrou devant la commission d'enquête ce 14 mai. Après avoir déjà expliqué avoir elle-même été une "victime" dans l'affaire Notre-Dame-de Bétharram, cet établissement scolaire qui a vu se perpétrer des violences physiques et sexuelles pendant des décennies, la fille du Premier ministre, François Bayrou, s'exprime dans les colonnes du Monde.

"Qu’il se débrouille maintenant ! Il a les épaules pour ça", l'exhorte Hélène Perlant.

"Une agression qui vous prend dans votre dignité"

Son témoignage dans l'ouvrage Le silence de Bétharram, a fait l'effet d'un coup de tonnerre. En avril dernier, celle qui est devenue professeure, comme son père, agrégé de lettres, a révélé avoir été victime de violences il y a près de 40 ans à Bétharram.

À ce moment-là, elle était âgée de 14 ans et se trouvait en camp scout. C'est lors de ce séjour qu'elle a été passée à tabac par le père Lartiguet, l'un des enseignants de l'école, mort en 2000.

"Ce qui est horrible c'est cette agression faite au corps, qui vous prend dans votre dignité, qui vous laisse dans une humiliation", avait-elle encore expliqué au micro de France inter, le jour de la sortie du livre.

"Mon père, j'ai peut-être voulu le protéger"

François Bayrou a toujours affirmé depuis les premières révélations dans les médias en février dernier n'avoir "jamais été informé de violences" dans l'établissement scolaire ou n'avoir "jamais été averti des faits qui ont donné lieu à des plaintes" ou des signalements.

Hélène Perlant a confirmé ne lui en avoir jamais parlé. "Je suis restée trente ans dans le silence", a-t-elle expliqué auprès de Paris Match. "Mon père, j'ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment je pense, des coups politiques qu'il se prenait localement", a-t-elle encore expliqué sur BFMTV en avril dernier.

Si elle confirme à nouveau ses propos dans Le Monde, affirmant que "personne ne savait avant le travail d'Alain Esquerre", le porte-parole des victimes qui a révélé l'affaire, elle juge que "ce silence s’explique si l’on prend soin d’analyser Bétharram pour ce qu’il est : un dispositif pervers".

"Regarder tranquillement les mécanismes" des agressions

De quoi espérer pour elle que François Bayrou fasse preuve de recul, lui qui a été pendant des années ministre de l'Éducation nationale et président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Après le témoignage de sa fille, le Premier ministre avait expliqué "avoir le cœur brisé".

"Je voudrais qu’il sente que je veux qu’il s’en débrouille avec les outils qui permettent d’analyser le dysfonctionnement de l’information en contexte pervers", lui répond désormais Hélène Perlant, espérant qu'il "ait compris que ces mécanismes, on doit les regarder tranquillement, pas sur le mode défensif, lui comme un autre".

Jusqu'à présent, le Premier ministre est apparu plutôt mal à l'aise. Lors de sa toute première réaction à l'Assemblée nationale, le chef du gouvernement n'avait pas eu un mot pour les victimes avant de finalement rencontrer l'association de victimes de Bétharram.

Devant la commission d'enquête, il va également avoir fort à faire pour convaincre les députés qu'il n'avait jamais été au courant des faits et qu'il n'est pas non plus intervenu auprès de l'institution judiciaire. Plusieurs témoignages devant la commission d'enquête indiquent le contraire.

Marie-Pierre Bourgeois