Narcotrafic: Darmanin annonce que 150 magistrats sont menacés, une "dizaine" sous protection policière

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin le 17 février 2025 à Alençon dans l'Orne - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Un chiffre pour marquer les esprits. La proposition de loi pour "sortir la France du piège du narcotrafic" sera débattue à l'Assemblée nationale la semaine du 17 mars. Et Gérald Darmanin s'inquiète de la situation des juges qui enquêtent sur le trafic de drogue qui a explosé ces dernières années en France.
"Il y a 150 magistrats en France, qui d'une manière ou d'une autre, sont menacés directement, notamment par des narcobandits et il y en a une dizaine qui sont sous protection policière au moment où je parle", a avancé le garde des Sceaux ce mercredi sur CNews-Europe 1.
Deux prisons dédiées aux narcotrafiquants
Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, la proposition de loi est également accompagnée de l'ouverture de la prison de haute sécurité réservé aux 150 trafiquants de drogue les plus dangereux le 31 juillet prochain.
Le ministre de la Justice a dévoilé le 6 mars que ce serait la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) qui accueillerait des narcotrafiquants dans un régime carcéral d'isolement particulièrement strict. Un autre établissement de haute sécurité sera établi à Condé-sur-Sarthe (Orne) à partir du 15 octobre.
Des fouilles intégrales après tout contact avec l'extérieur y seront menés, les parloirs physiques seront interdits et seront remplacés par des échanges par des hygiaphone. L'accès au téléphone sera très limité.
"Je sais à quelle heure vos enfants sortent de l'école"
Les détenus ne seront plus non extraits de leur cellule pour être entendus par les juges mais seront désormais auditionnés par visioconférence. De quoi faire baisser le risque de menaces, sur le papier du moins.
"Moi, je ne peux pas accepter que quelqu'un en prison dise à un magistrat 'je sais à quelle heure sortent vos enfants de l'école, je sais ce que fait votre mari, votre femme, et je vais les assassiner si vous ne me permettez pas d'être libéré prochainement", a encore insisté Gérald Darmanin.
En novembre dernier, 4 personnes appartenant au monde de la criminalité organisée ont été mises en examen et soupçonnées d'avoir envisagé une "action violente" contre le procureur général de Douai. Elles ont été arrêtées "aux abords de son domicile", d'après des sources politicières.
L'un de ses collègues magistra avait déclaré dans la foulée sur X avoir été placé sous protection policière "comme d'autres collègues dans cette affaire".
Une protection policière qui ne dépend pas de Darmanin
En février 2024, un trafiquant de drogue a été condamné à 4 ans de prison ferme pour avoir menacé de mort une magistrate par visioconférence lors d'un interrogatoire. Lors de l'instruction qu'elle avait mené sur ce narcotrafiquant, la maison mitoyenne de la sienne avait été louée par un protagoniste de l’affaire.
La magistrate avait alors retiré de l’école ses enfants avant de décider de partir et de mettre en vente son pavillon tout en demandant une protection policière.
Le ministère de la Justice n'a cependant pas son mot à dire en la matière. C'est le ministère de l'Intérieur qui, après analyse de la situation de la DGSI, décide ou non d'accorder une protection au magistrat visé.