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"Un point d'attention très fort": le procureur de Nice vigilant face au risque d'implantation de la DZ Mafia

La cité Fenoglio à Nice (Alpes-Maritimes), le mercredi 22 janvier 2025.

La cité Fenoglio à Nice (Alpes-Maritimes), le mercredi 22 janvier 2025. - BFM Nice Côte d'Azur

Damien Martinelli, procureur de la République, surveille les "stratégies d'expansion" de l'organisation criminelle marseillaise, déjà en phase d'installation dans le Var.

Son nom est connu dans tout Marseille. La DZ Mafia a construit, au fil des années, un important réseau de trafic de stupéfiants dans la cité phocéenne. Son conflit ouvert avec une autre organisation, Yoda, a engendré près de 50 "narchomicides" à Marseille en 2023.

Que ce soit à Toulon à Hyères ou à La Seyne-sur-Mer, la DZ Mafia s'est frayé un chemin dans le Var dernièrement. Une implantation de ce réseau est-elle également en cours à Nice, et plus particulièrement à l'est de la ville?

"Il faut toujours être extrêmement vigilant", tempère Damien Martinelli, procureur de la République de Nice et invité de BFM Nice Côte d'Azur ce jeudi 13 février. "Je suis très prudent par rapport à la DZ Mafia. La lecture que j'ai, c'est la lecture que j'ai au travers des dossiers."

Des mineurs impliqués

Le magistrat admet néanmoins que l'organisation phocéenne constitue "un point d'attention très fort" du côté de la justice.

"Parce qu'on sait, effectivement, que les réseaux de trafic de stupéfiants sont dans des stratégies d'expansion et on doit être attentifs aux volontés de certains réseaux de venir s'implanter à Nice. Ça fait partie des axes d'investigation dans le cadre des dossiers qu'on conduit", étaye Damien Martinelli.

L'implication de jeunes vendeurs de stupéfiants à Nice n'est pour autant pas la preuve irréfutable d'une volonté d'implantation de l'organisation marseillaise, selon le magistrat: "Il y avait déjà des mineurs dans le trafic de stupéfiants avant la DZ Mafia. Ce n'est pas quelque chose de nouveau".

"Des points de connexion"

Ce qu'observe le parquet avec davantage de certitude, en revanche, c'est que le trafic de stupéfiants à Nice n'est pas seulement l'affaire de Niçois.

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, par exemple, le corps d'un homme originaire du Val-d'Oise a été retrouvé dans le quartier Roquebillière sur fond probable de narcotrafic. Quatre des cinq suspects proviennent du même département francilien. Le dernier, suspecté d'avoir causé la mort de la victime, de Marseille.

"Il peut y avoir des points de connexion qui nous amènent à être vigilants et à suivre avec beaucoup d'attention certains dossiers", résume Damien Martinelli. S'agissant du Val-d'Oise, ses services travaillent "pour essayer de comprendre comment des personnes originaires de ce département arrivent en nombre sur Nice".

200 euros par jour pour un guetteur

Plus globalement, le procureur de la République de Nice décrit "un élargissement de la main d'œuvre" en matière de stupéfiants.

"C'est quelque chose qui n'est pas totalement nouveau, mais qui s'inscrit dans ce qu'on appelle l'ubérisation du trafic de stupéfiants, avec des recrutements qui sont beaucoup plus larges", développe l'intéressé.

À Nice, fleurissent les "appels à candidature pour venir travailler sur des points de deal", avec "des rémunérations associées très attractives". Les organisations installées dans la ville offrent même "des rémunérations plus importantes qu'ailleurs", selon le parquet. Un guetteur peut ainsi espérer toucher environ 200 euros par jour.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions