Loi Travail: Manuel Valls justifie l'utilisation du 49.3

Manuel Valls - Eric Feferberg - AFP
La menace pesait depuis de longues semaines et la bataille parlementaire de ces derniers jours ne laissait plus guère de doute. Face au risque de voir le projet de loi Travail rejeté à l'Assemblée nationale par "une conjonction d'oppositions", Manuel Valls a dégainé mardi après-midi l'arme constitutionnelle du 49.3.
Lors de la séance des questions au gouvernement, le Premier ministre a annoncé dans un hémicycle agité qu'il allait recourir au 49.3 pour faire adopter sans vote le projet de loi, avec engagement de la responsabilité du gouvernement. Quelques heures plus tôt le Conseil des ministres avait été réuni dans l'urgence à l'Elysée.
L'exécutif s'en est déjà servi trois fois pour la loi Macron en 2015. François Hollande et Manuel Valls y étaient pourtant opposés dans le passé. Des députés de l'opposition n'ont pas oublié de leur rappeler.
"Nous avons le devoir d'aller de l'avant"
L'exécutif a décidé de recourir à cette arme constitutionnelle "parce que la réforme doit aboutir, parce que le pays doit avancer, parce que les relations salariales et les droits des salariés doivent progresser", a argué le chef du gouvernement.
Au moment d'engager formellement sa responsabilité, Manuel Valls a assuré que le gouvernement avait été "à l'écoute", "même reconnu des erreurs" et "entendu le travail parlementaire". Mais "nous avons le devoir d'aller de l'avant", a-t-il avancé.
Face au "spectacle désolant de la division et des postures politicienne", il a même exprimé "une fronde contre la division".
Négociations jusqu'à la dernière minute
Ces dernières heures, responsables PS et "frondeurs" se sont renvoyés crescendo la responsabilité du blocage sur le texte. Manuel Valls avait tenté de convaincre une dernière les récalcitrants en invitant à à Matignon d'une quinzaine de députés mardi matin une quinzaine de députés socialistes, dont des frondeurs.
"Le Premier ministre, une fois de plus, n'avait pas envie d'aller vers un compromis", avait regretté pour sa part le député PS "frondeur", Christian Paul, à la sortie.
On va voir "s'il y a une majorité pour renverser ce gouvernement"
Au député UDI, Philippe Vigier, qui lui demandait pourquoi il restait, Manuel Valls a rétorqué qu'on allait bien voir "s'il y a une majorité pour renverser ce gouvernement".
Le bras de fer est donc engagé. Les députés LR et UDI ont tiré les premiers et déposé rapidement mardi une motion de censure du gouvernement dénonçant "l'impasse dans laquelle François Hollande a mené (le) pays". Des députés de gauche avaient menacé eux aussi de déposer une telle motion.