Loi Travail: le 49-3 enflamme les bancs de l'Assemblée

Il n'y a pas que dans la rue que la loi Travail échauffe les esprits, à l'Assemblée nationale aussi. La présidente de la commission des Affaires sociales Catherine Lemorton avait prévenu qu'avec 5.000 amendements, ce serait "le grand spectacle". C'est effectivement le cas et chacune des parties joue sa partition.
A ce jeu, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a sorti le lance-flamme en dénonçant de la part de certains parlementaires une "volonté de pousser le gouvernement à aller au 49-3" et des "amendements d'obstruction".
"Il y a des gens qui sont là pour bloquer", a-t-il glissé dans la salle des 4 colonnes avant la reprise des débats mercredi, déclenchant la foudre du chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne. Il a demandé immédiatement une suspension de séance.
"Monsieur le ministre s'est permis de mettre en cause le travail parlementaire (et) de dire que les amendements déposés n'avaient aucun lien avec le texte et avaient pour seul objectif l'obstruction de nos débats...", a déclaré André Chassaigne.
"Chacun sait qu'en tenant ces propos (son) seul objectif est de justifier la semaine prochaine l'utilisation du 49.3 et de faire supporter aux députés la responsabilité de cette forfaiture!", s'est emporté le député communiste.
L'élu LR Gérard Cherpion a jugé "intolérable" l'attitude du ministre tout comme le député LR Damien Abad qui soupçonne le gouvernement de "gagner du temps".
La députée socialiste, Catherine Lemorton, a elle aussi été piquée au vif et u a vu une atteinte à "son appréciation sur les amendements qui sont présentés".
Mardi déjà, après le discours très personnel de Myriam El Khomri, André Chassaigne avait appelé à une suspension de séance. "Un tel show demande de la récupération", avait-il expliqué aux caméras en sortant de l'hémicycle, le qualifiant de "péroraison stratosphérique".
Calendrier serré
Ce n'est là que le début d'un débat qui pourtant presse. Il doit se terminer le 12 mai avec un vote global prévu le 17, malgré le pont de l'Ascension.
L'Assemblée nationale avait repoussé largement mardi la motion de rejet préalable du projet de loi travail défendue par le groupe Les Républicains, ainsi que celle qui visait à renvoyer le texte en commission, au début des débats en première lecture dans l'hémicycle.
Parmi les dispositions les plus contestées figure la primauté des accords d'entreprises en matière de temps de travail, les nouvelles modalités des licenciements économiques ou les référendums d'entreprises