"J'ai 38 ans": El Khomri défend sa loi Travail sur un ton très personnel

"Le temps de l'hémicycle est venu, ce moment je l'attends avec impatience, gravité et espoir". C'est dans un registre très personnel que Myriam El Khomri a défendu mardi, à l'ouverture des débats à l'Assemblée nationale, son très contesté projet de loi.
"Je suis une femme de gauche. La rue, j'y ai suffisamment manifesté pour en étendre et accepter l'écho (...) Mes convictions, je ne les trahis pas" et "nous pouvons être fiers de ce texte", a-t-elle martelé, en appelant les députés à soutenir un texte "juste et nécessaire".
"J'ai 38 ans", a-t-elle lancé pour ensuite exposer que sa génération n'avait connu les Trente Glorieuses que dans livres d'économie et d'histoire, et qu'elle s'était construite dans la crise.
"La vie politique peut être faite d'impopularité, en la matière je peux faire valoir une certaine expérience, c'est la vie, mais ceci s'efface devant l'esprit de responsabilités et la fidélité aux convictions", a-t-elle argué.
"Nous n'envoyons pas les salariés dans la gueule du loup patronal", avait-t-elle lancé lors des questions au gouvernement. Une formule que la ministre du Travail a ensuite reprise dans son discours.
"Nous aimons les syndicats, et nous aimons les entreprises"
"Nous aimons les syndicats, et nous aimons les entreprises", a aussi assuré la ministre, alors que les opposants à la loi sont de nouveau descendus dans la rue mardi, jusqu'aux abords du Palais-Bourbon.
Myriam El Khomri s'est placée dans le "sillon politique et culturel" des lois Auroux de 1982 concernant la place donnée au dialogue social, et a cité en conclusion Pierre Mendès France, pour qui "parler le langage de la vérité, c'est le propre des véritables optimistes".
Un discours "pathétique" pour Chassaigne
A l'issue du discours, le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a demandé une suspension de séance. "Un tel show demande de la récupération", a-t-il expliqué aux caméras en sortant de l'hémicycle, le qualifiant même de "péroraison stratosphérique".
Les débats sont programmés jusqu'au 12 mai et promettent d'être tendus. Quelque 5.000 amendements ont été déposés, dont près de la moitié par le Front de gauche, soit quasiment autant que pour l'épique bataille sur la loi sur le mariage pour tous.
Le vote global est prévu le 17 mai. Myriam El Khomri assure vouloir convaincre sans avoir besoin de l'article 49-3.