Immigration: Collomb juge le dispositif national d'asile saturé

Gérard Collomb - LUDOVIC MARIN / AFP
Alors que le gouvernement s’apprête à présenter le projet de loi "asile et immigration" à l’issue du conseil des ministres ce mercredi, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb justifie la légitimité de ce texte décrié dans une interview accordée au Parisien.
Revenant sur la circulaire publiée en décembre qui doit préfigurer le projet de loi "asile et immigration", le ministre de l’Intérieur assure qu’elle "ne vise pas à dissuader les migrants (à venir en France, ndlr) mais à mieux les orienter en allant à leur rencontre dans les centres d’hébergement d’urgence".
Pour rappel, la "circulaire Collomb", qui avait suscité un vif émoi chez les associations, prévoit d’envoyer dans les centres et hôtels sociaux des "équipes mobiles" constituées d’agents des préfectures de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration) afin de recenser les personnes hébergées selon leur droit au séjour.
"Le dispositif national d’asile compte aujourd’hui 75.000 places, 85.000 bientôt. C’est important. Mais ce dispositif est saturé car il accueille des gens qui ont été déboutés du droit d’asile", justifie Gérard Collomb. Or, selon lui, "un certain nombre de personnes qui devraient être dans ce dispositif vont dans l’hébergement d’urgence où l’on accueille tout le monde, les réfugiés et les autres", d’où la nécessité "d’orienter ces migrants correctement", explique-t-il, évoquant une "mesure de bon sens".
S'accorder avec les règles des voisins européens
Le locataire de la place Beauvau estime par ailleurs que la politique d’asile doit s’articuler autour de trois dimensions: l’une internationale en incitant les pays africains à "développer des emplois chez (eux)", l’autre européenne en faisant "converger nos procédures avec celles existant chez nos voisins" et la dernière nationale qui consiste à ne "pas simplement accueillir" mais à "accueillir bien".
Enfin, Gérard Collomb justifie l’allongement de la durée de maintien dans les centres de rétention de 45 à 90 jours par le temps, parfois long, qui s’écoule jusqu’à l’obtention d’un laissez-passer pour pouvoir retourner dans certains pays. Dans la plupart des pays européens, la durée de détention est de 180 jours.
Les associations mécontentes
Mais les associations tiquent. "La durée de rétention influe très peu sur les mesures exécutées", assure David Rohi de la Cimade. D'autres mesures sont critiquées, notamment celles qui, au nom de la réduction des délais d'instruction, restreignent les possibilités de recours. Terre France d’asile parle d’un texte "profondément déséquilibré", quand la Ligue des droits de l’Homme dénonce une "volonté de dissuasion" et "de tri".
Ainsi, plusieurs acteurs de l'asile seront en grève ce mercredi: l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui n'avait pas connu de tel mouvement depuis cinq ans, mais aussi la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), qui entamera son neuvième jour de grève. Un rassemblement est prévu à 11h devant le Conseil d'Etatm qui a refusé mardi de suspendre la "circulaire Collomb".