BFMTV
Gouvernement

"Des gages pour Marine Le Pen": la gauche vent debout après l'annonce d'une nouvelle loi immigration

placeholder video
Des responsables et députés du Nouveau Front populaire (NFP), ainsi que des ONG ont dénoncé ce dimanche 13 octobre la volonté du gouvernement, qui entend présenter un projet de loi immigration "début 2025".

Vers une nouvelle loi immigration? C'est le souhait du gouvernement, a annoncé sur BFMTV ce dimanche 13 octobre la porte-parole de l'exécutif Maud Bregeon, qui espère un débat au Parlement sur ce nouveau texte "début 2025". Cela un an après un précédent projet de loi qui avait fracturé l'Assemblée nationale et qui avait été adopté grâce aux voix du RN.

Début octobre, le Premier ministre Michel Barnier avait semblé écarter l'hypothèse d'un nouveau texte dans un délai aussi proche. "On vient de légiférer", "on va appliquer les règles", il y aura des "progrès possibles mais dans le cadre de la loi actuelle", avait-il déclaré sur France 2.

"L'encre est à peine sèche"

La pression de l'extrême droite était-elle trop forte? Oui, selon plusieurs responsables de gauche. "La loi immigration vient juste d'être votée, l'encre est à peine sèche, et le nouveau gouvernement voudrait déjà en refaire une, tout cela pour donner des gages à Marine Le Pen et au RN qui menacent de ne pas voter le budget", résume ce dimanche sur Franceinfo Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.

Même son de cloche pour Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. "Depuis 1945, la France a voté une loi sur l'immigration tous les deux ans en moyenne. Une accumulation législative qui ne règle rien et qui ces dernières années a détruit la vie de nombreuses personnes", écrit-elle sur X. Le Rassemblement national est en capacité, à tout moment, de censurer un gouvernement qui ne dispose pas d'une majorité absolue au Palais Bourbon.

Trente-deux lois sur l'immigration et les étrangers ont été adoptées depuis 1980 en France, selon le Musée de l'histoire de l'immigration. Soit un texte adopté en moyenne tous les 16 mois en 44 ans.

Dans les rangs écologistes, Benjamin Lucas dit s'attendre à "des semaines de saturation du débat public autour des thèmes de l'extrême droite".

Didier Migaud, le garde des Sceaux présenté comme le membre le plus à gauche du gouvernement, a assuré ce lundi sur RTL que l'utilité d'une nouvelle loi serait dépendante "du contenu". "L'immigration doit être maîtrisée. Elle est utile dans notre pays (...) il ne s'agit pas, je pense, de faire du pied au RN", a-t-il estimé.

Les macronistes sceptiques

Certaines voix au sein du camp macroniste pourraient aussi accueillir très fraîchement l'annonce du gouvernement. "Réagir à des faits divers n'est pas la bonne chose à faire", a déclaré sur BFMTV Céline Calvez, députée EPR. "Il faut d'abord s'assurer que les mesures qu'on a votées en décembre dernier sont bien appliquées".

"Ce dont nous avons besoin c'est de la mise en œuvre du pacte asile et migration européen et de l'application de la loi de décembre 2023, certainement pas d'une nouvelle loi basée sur des fondements populistes", a également réagi le député Guillaume Gouffier (EPR).

De son côté, le chef de file des députés macronistes Gabriel Attal se dit "prêt à la discussion", jugeant cependant que faire "une loi pour une loi ne semble pas totalement prioritaire".

Les ONG sont aussi vent debout. Bruno Retailleau "n'a que le mot 'République' à la bouche, mais il ne voit pourtant aucun problème à l'abîmer à jet continu, en trahissant tout ce qu'incarne la France dans la défense des droits humains", a dénoncé l'ex-ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, aujourd'hui présidente de France Terre d'Asile.

"Comme l'austérité budgétaire va démolir les services publics et les emplois des Français, il faut trouver un bouc émissaire", a déploré de son côté Benoît Hamon, directeur de l'ONG Singa œuvrant à l'insertion professionnelle des réfugiés et des personnes migrantes.

Ariel Guez