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Gouvernement

Cyclone à Mayotte: Retailleau veut régler "la question migratoire", la gauche l'accuse "d'ignominie"

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau lors de la parade des CRS pour leur 80e anniversaire à Paris, le 13 décembre 2024

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau lors de la parade des CRS pour leur 80e anniversaire à Paris, le 13 décembre 2024 - Alain JOCARD

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire juge que l'archipel ne pourra pas se relever après le passage d'un cyclone dévastateur sans changer les règles en matière d'immigration. Cette sortie, trois jours à peine après la catastrophe, est critiquée par la gauche.

Quelques mots qui ne passent pas. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, en pleine gestion de la crise à Mayotte touché par un cyclone d'une rare violence, pointe du doigt la situation migratoire. De quoi déclencher la colère de la gauche.

"On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire", juge le locataire de la place Beauvau sur X ce 17 décembre.

"Mayotte est le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s’installer sur cette question. Il faudra légiférer pour qu’à Mayotte, comme partout sur le territoire national, la France reprenne le contrôle de son immigration", avance encore ce pilier de la droite.

"Sombrer dans la pure ignominie"

Réponse courroucée de Mathilde Panot, la présidente des députés LFI. "Les Mahoraises et les Mahorais comptent leurs morts, et le ministre de l'Intérieur ne trouve rien de mieux à faire que de sombrer dans la pure ignominie".

Trois jours après le passage du cyclone Chido, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, l'archipel meurtri est en manque de tout, de l'électricité à l'eau en passant par des denrées alimentaires.

Depuis son passage, une course contre-la-montre est engagée à Mayotte pour venir en aide aux sinistrés de cet archipel français de l'Océan Indien.

Bruno Retailleau et le ministre démissionnaire délégué aux Outre-mer François-Noël Buffet, sont attendus ce mardi après-midi dans le département le plus pauvre de France.

"Peut-être des milliers de morts"

Pour l'heure, le bilan officiel s'élève à 21 morts mais il devrait probablement s'alourdir. Le préfet de Mayotte a déjà expliqué redouté des "centaines de morts", "peut-être même des milliers".

Autant dire que la question migratoire semble pour l'instant peu prioritaire. Bruno Retailleau met cependant ses pas dans ceux de son prédécesseur Gérald Darmanin qui voulait déployer un "rideau de fer" pour lutter contre l'immigration illégale en février dernier. Élisabeth Borne, alors Première ministre, s'était également fendue d'une visite quelques semaines plus tôt.

Plus largement, Bruno Retailleau a fait de la lutte contre l'immigration illégale son ADN politique et compte continuer à légiférer en la matière s'il parvient à rester au gouvernement, désormais sous l'égide de François Bayrou.

Mayotte est peuplé de 310.000 habitants, selon l'Insee -probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes- dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique.

Retailleau, "un obsessionnel indécent et inconséquent"

L'île est frappée depuis des années par de nombreux maux, d'une crise de l'eau aiguë à l'insécurité et l'immigration incontrôlée. L'archipel a été paralysé en février dernier par des blocages de "collectifs citoyens" pour dénoncer la situation.

"Bruno Retailleau est un obsessionnel indécent et inconséquent. Indécent parce que le temps est au recueillement quand tout n’est que désolation sur l’archipel de Mayotte", regrette de son côté Olivier Faure, le premier secrétaire du PS sur X.

Il est également "inconséquent parce que les flux migratoires ne s’arrêteront pas avec des barbelés, mais par une réponse aux causes de ces exils", juge encore le député.

"Un peu de dignité"

François Ruffin n'est guère plus tendre et joue la carte de l'ironie. "Les cyclones à Mayotte seraient maintenant la faute des migrants", grince le député Picardie debout qui siège parmi les écologistes à l'Assemblée.

Et de demander "un peu de dignité" à Bruno Retailleau en oubliant "sa petite tactique de division de la Nation".

Un rapport parlementaire de 2023 appelait à réduire drastiquement l'immigration illégale à Mayotte, en espérant que Frontex, l'agence qui gère les frontières extérieures de l'UE, puisse s'associer à la France dans sa gestion migratoire de l'archipel.

Marie-Pierre Bourgeois