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"Pas d'électricité, pas d'eau": à Mayotte "tout manque" après le passage du cyclone Chido

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Après le passage du cyclone Chido ce samedi 14 décembre, l'heure est aux bilans alors que l'aide humanitaire doit arriver sur l'archipel dans les heures à venir via un pont aérien mis en place depuis l'Île de la Réunion.

Une situation dramatique et une course contre la montre. Des milliers de Mahorais sont encore dans le besoin ce lundi 16 décembre deux jours après le passage du dévastateur cyclone Chido, dont le bilan humain très provisoire est d'au moins 14 décès recensés. Ce dernier pourrait cependant atteindre des "centaines voir des milliers" de morts, selon le préfet de l'archipel.

Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, le cyclone - le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans - a ravagé samedi le petit archipel où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

"Ça fait trois jours qu'on est dans le noir"

Auprès de BFMTV, Fahar, habitant de Mamoudzou, souligne que les locaux manquent actuellement de tout, en particulier d'eau et de nourriture.

"Ça ne va pas. On n'a pas d'électricité, pas d'eau, ça fait trois jours qu'on est dans le noir. Ça fait trois jours et on n'a pas vu de secouristes", pointe-t-il.

Et le sinistré de l'archipel d'ajouter: "Il y a eu des dégâts. J'ai perdu des meubles, tout ce qui est électroménager."

Le cas de Fahar est loin d'être isolé. Sur l'île, ils sont nombreux à avoir tout perdu. "Toutes les maisons ont été rasées, moi j'ai perdu la mienne. Je n'ai pas de télévision, plus de frigo, tout est parti", signale pour sa part un habitant du bidonville de Tsoundzou.

Pont aérien

Depuis le passage de Chiro, une course contre-la-montre est engagée à Mayotte pour venir en aide aux sinistrés de cet archipel français de l'Océan Indien. Les ministres démissionnaires de l'Intérieur et des Outre-mer, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, sont attendus lundi en fin de matinée dans le département le plus pauvre de France, où les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts.

Des débris de tôles et de bois après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 15 décembre 2024
Des débris de tôles et de bois après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 15 décembre 2024 © KWEZI

Mais un bilan final sera "très difficile" à établir car la tradition musulmane, vivace à Mayotte, veut que les défunts soient enterrés "dans les 24 heures", a expliqué dimanche le préfet François-Xavier Bieuville.

Un pont aérien et maritime a été organisé depuis l'île de La Réunion, territoire français distant de 1.400 km à vol d'oiseau, pour envoyer du matériel et des personnels médicaux et de secours. Un total de 800 personnels de la sécurité civile sont envoyés en renfort, avec un hôpital de campagne et du matériel de transmission par satellite.

Les secouristes s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, a dit le maire de la ville Ambdilwahedou Soumaila.

Des défis sanitaires

Des équipes "ont commencé à œuvrer pour libérer les accès dans les zones reculées", où "nous espérons encore trouver des survivants", a ajouté l'édile, qui précise avoir reçu "beaucoup d'appels au secours".

L'île de Mayotte après le passage dévastateur du cyclone Chido, le 14 décembre 2024
L'île de Mayotte après le passage dévastateur du cyclone Chido, le 14 décembre 2024 © AFP

À travers le territoire, de nombreuses routes sont impraticables et beaucoup de communications coupées. "C'est un carnage. Le tribunal, la préfecture, beaucoup de services, de commerces, des écoles sont à terre", raconte à l'AFP Ousseni Balahachi, un infirmier à la retraite, depuis Mamoudzou, la "capitale" mahoraise. L'hôpital a été inondé et risque selon lui de ne pas pouvoir soigner les nombreux blessés dans de bonnes conditions.

"Certains de mes voisins ont déjà faim et soif", se désole aussi auprès de l'AFP Lucas Duchaufour, un kinésithérapeute vivant à Labattoir, une commune de l'île de Petite-Terre. Des habitants évoquent un climat d'insécurité, avec des scènes de pillages dans la zone industrielle de Kawéni à Mamoudzou, comme l'a rapporté à l'AFP Frédéric Bélanger, 52 ans.

En termes de risques sanitaires, plusieurs craintes se dessinent: d'abord, les blessés directs. Ensuite, les patients chroniques qui décompensent (comme ceux qui ont besoin d'une dialyse). Enfin, le manque d'eau et le risque épidémique. À Mayotte, les soignants redoutent particulièrement le choléra, en raison des difficultés d’accès à l'eau potable.

Rétablir cet accès, ou fournir de l'eau en bouteille, est donc l'une des priorités. Il y a également toutes les maladies vectorielles à surveiller, et les menaces virales de type hépatite.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV