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Gouvernement

Bruno Retailleau plaide pour que "nul ne (puisse) se prévaloir de sa religion pour échapper à la règle commune"

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Le ministre de l'Intérieur a fait cette proposition de révision constitutionnelle ce lundi 26 mai lors d'un déplacement dans les Hauts-de-Seine. Mais ce n'est pas la première fois que Bruno Retailleau soumet une telle idée.

En déplacement ce lundi 26 mai à la préfecture des Hauts-de-Seine pour révéler son dispositif visant à rendre l'État "plus efficace dans sa lutte contre l'islamisme", Bruno Retailleau en a profité pour défendre l'idée d'une révision constitutionnelle. Elle tiendrait en quelques mots "qui auraient beaucoup de conséquences", a assuré le ministre de l'Intérieur.

Bruno Retailleau a ainsi proposé d'ajouter la phrase suivante dans la Constitution: "Nul ne peut se prévaloir de sa religion, de ses croyances, de ses origines, pour échapper à la règle commune". Car pour le ministre de l'Intérieur, l'"entrisme islamiste" a pour but d'"échapper à la règle commune", de la "tordre", de la "déplacer progressivement" et de "l'influencer de telle façon à ce qu'elle devienne compatible avec l'islamisme".

D'après le ministre et président de LR, cette mention dans la Constitution "réglerait beaucoup de choses, notamment pour un directeur d'établissement hospitalier, pour un directeur d'établissement scolaire, pour un chef d'entreprise, pour un président d'association".

Bruno Retailleau ne se fait cependant guère d'illusions sur une telle révision constitutionnelle compte tenu de l'absence de majorité au Parlement et du "paysage politique actuel (...) complexe". Une révision constitutionnelle doit en effet être votée à la majorité des 3/5e des deux Chambres du Parlement réunies en Congrès.

Marine Le Pen évoque un "copier-coller" des idées du RN

La proposition de Bruno Retailleau n'a cependant pas échappé à Marine Le Pen. "Bruno Retailleau ne se contente plus de reprendre nos idées (pour ne jamais les appliquer), il fait désormais directement du copier-coller", a-t-elle estimé sur son compte X.

Ce n'est pas la première fois que le RN s'amuse de voir la droite en général et Bruno Retailleau en particulier se saisir de l'idée. En février 2020, époque où le ministre était le patron des sénateurs LR, une proposition de loi constitutionnelle avait été déposée par Philippe Bas, sénateur Les Républicains de la Manche et président de la commission des Lois. Elle visait notamment à inscrire dans la Constitution la phrase suivante: "Nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect de la règle commune".

"Les présidents au Sénat du groupe Les Républicains, celui du groupe UDI et celui de la commission des Lois reconnaissent ainsi le sérieux du travail et la pertinence des propositions de Marine Le Pen", avait déjà réagi avec une pointe d'ironie le Rassemblement national dans un communiqué de presse.

Car une formulation très proche était déjà présente dans une proposition de loi constitutionnelle déposée en avril 2018 par Marine Le Pen. Celle-ci proposait de modifier l'article 2 en y ajoutant cette phrase: "Nul individu, nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’en exonérer ou en être exonéré."

Vincent Gautier